La valorisation des bases de données pour accroître les profits va de soi pour les grandes entreprises et les institutions financières. Toutefois, tirer parti de ces informations peut être moins évident pour les organismes à but non lucratif (OBNL) qui n’ont pas toujours les ressources pour ce faire. Quatre groupes nous parlent de leur expérience avec des étudiants en intelligence d’affaires à HEC Montréal qui ont profité d’une collaboration dans le cadre de la 4e édition du Carrefour de philanthropie des données.
« Un potentiel énorme », « une expertise qui mène à de grandes opportunités », « cela va nous permettre d’avoir un meilleur impact », voilà tant d’éloges prononcés par les représentants d’OBNL comme l’Association de Montréal pour la déficience intellectuelle (AMDI), Réalité Climatique Canada, la Société de coopération pour le développement international (SOCODEVI) et la Fondation du Dr Julien.
Fidéliser les donateurs
Dans l’ensemble, ces petites équipes d’étudiants avaient pour objectif d’améliorer d’une certaine façon les opérations de ces organismes grâce aux données que chacun d’entre eux possède, mais qu’ils n’exploitent pas à leur pleine capacité.
À l’AMDI par exemple, on voulait fidéliser les membres bénéficiaires des membres tout en créant des outils de financement plus adaptés.
« En procédant à l’analyse des informations sur nos donateurs et en les croisant avec celles de nos collectes de fonds, on a une meilleure idée d’où viennent nos dons. On a une possibilité d’adapter les messages que l’on envoie à nos donateurs et de créer des activités de levées de fonds sur mesure », explique Renaud Judic, chargé des activités de vie associative pour l’AMDI.
En effet, grâce au travail des étudiants, l’organisme a pu constater qu’une mince tranche des donateurs fait preuve d’une grande part de générosité. Ce sont 7% de ceux-ci qui contribuent pour 45% des dons récoltés par l’OBNL. Il y a donc un attrait à concentrer les efforts sur cette population, croit M. Judic.
On avait une mission similaire du côté de la Fondation du Dr Julien. « Nous voulions utiliser les données pour convertir certains donateurs occasionnels en donateurs réguliers », affirme Simon Marino-Fortier, responsable du projet à la Fondation.
Ainsi, en catégorisant ces donateurs selon leurs données géographiques, leur revenu moyen ou encore le nombre d’enfants dans leur foyer, les étudiants ont pu cerner un groupe plus susceptible d’être fidélisé.
Repenser les initiatives sur le terrain
Pour d’autres OBNL, c’est plutôt l’action sur le terrain que l’on voulait mesurer. C’est le cas de l’équipe de Réalité Climatique Canada qui désirait renforcer l’engagement auprès de ses 1400 bénévoles au pays.
« Lorsqu’ils participent à une activité, comme une implication auprès d’une personnalité politique ou une prise de parole publique, nos ambassadeurs nous envoient certaines informations. Leur code postal, leur âge et parfois même une courte biographie. Ces données nous ont permis de mieux distinguer chez qui certaines initiatives sont les plus populaires », souligne Émilie Campbell-Renaud, responsable de l’engagement communautaire et du développement des programmes chez Réalité Climatique Canada.
Chez la SOCODEVI, les étudiants ont fouillé dans une vaste base de données pour aller chercher des indicateurs clés de performance.
« Nous possédons des données sur près de 400 projets que nous avons effectués historiquement. Nous pouvons tirer les informations d’un projet à la fois, mais nous n’avions pas la capacité de faire des comparaisons sur l’ensemble de ceux-ci. C’est ce qu’on fait les étudiants de HEC en se concentrant sur quatre projets », indique Marie-Christine Bélanger. Directrice Services-conseils et Innovation chez SOCODEVI.
Intervenant, par exemple, auprès de femmes dans des pays en développement l’organisme possède un savoir sur les ressources qui leur sont disponibles ou leur indice de pauvreté. « Avoir un outil comparatif nous permettra d’avoir un meilleur impact dans les communautés », insiste Mme Bélanger.
L’intelligence des données : une expertise là pour rester
L’idée de mieux exploiter les bases de données fait son bout de chemin chez les OBNL à en croire ce que disent les participants au Carrefour de philanthropie des données.
« On voit que le milieu communautaire commence à avoir une meilleure idée de comment se servir de leurs bases de données et à cibler les informations les plus utiles. Le potentiel est là », souligne M. Judic.
« C’est une puissance dont nous avions conscience, mais que nous ne pouvions pas utiliser à pleine capacité, par manque de temps et de main d’œuvre spécialisée. Avec des résultats concrets, comme ceux qu’on a pu tirer de cette expérience, on pourra demander plus facilement à notre direction d’aller chercher ce type d’expertise en intelligence des données », affirme M. Marino-Fortier.