Algorithmes pour optimiser la distribution des doses, collecte des données en santé pulique ou encore un programme qui calcule quand vous pourrez être vaccinés. Voici un tour d’horizon des outils d’intelligence artificielle (AI) qui tentent de venir en aide à la campagne de vaccination.
UN ALGORITHME POUR GÉRER LES DISTRIBUTIONS NATIONALES
C’est la formule qui a été adoptée par le gouvernement Trump l’année dernière. Il s’appelle Tiberius et est développé par le concepteur de logiciels d’analyse de données Palantir. Le principe est plutôt simple : l’algorithme attribue un nombre de doses à chacun des 50 États, en fonction de sa population adulte et des doses disponibles à l’échelle nationale. Mais d’après le New York Times, pour l’instant Tiberius est plutôt critiqué par les chercheurs et les responsables de la santé publique. En effet, « l’algorithme complique parfois les choses », précise le quotidien new-yorkais. « Nombre d’États doivent en effet élaborer plusieurs plans de livraison pour leur quota hebdomadaire d’injections de vaccins Pfizer et Moderna même si les envois sont destinés aux mêmes établissements”.
Un autre problème de taille selon le NYT, c’est l’opacité du fonctionnement de Tiberius. Plusieurs États ne reçoivent pas le nombre de doses prévus par l’algorithme, sans explications, quand d’autres voient leur commande annulées sans avoir été prévenus. Au final, l’algorithme, tel qu’il est utilisé pour le moment, créerait même des disparités dans l’accès au vaccin…
« The Intelligent Vaccine Impact Solution contribue à accroître la disponibilité des vaccins, un accès équitable pour ceux qui en ont besoin, et va aider les gouvernements à renforcer la sensibilisation, la confiance et l’acceptation des vaccins » – Mike Daniels, vice-président du secteur public mondial chez Google Cloud.
LES GAFA POUR AIDER LES POLITIQUES DE SANTÉ PUBLIQUE
Plusieurs géants du web tentent de d’apporter leur soutien sur le front de la lutte contre le coronavirus. Facebook par exemple, vient de lancer une campagne de promotion pour la vaccination, et veut lutter contre les fausses nouvelles sur la pandémie. Cette initiative se traduit essentiellement par des liens publiés sur les fils d’actualité, qui renvoient vers les sites web du ministère de la santé, en fonction du pays où l’utilisateur se trouve.
Google Cloud, pour sa part, a développé The Intelligent Vaccine Impact Solution. Cet outil doit aider les décideurs politiques régionaux et locaux en leur fournissant un emplacement central pour partager toutes les informations qu’ils ont en leur possession sur le vaccin : la prise de rendez-vous, les données de distribution etc… Les responsables politiques pourront alors prendre des décisions de santé publique qui reposent sur l’apprentissage automatique liée à ces données. Cette solution « contribue à accroître la disponibilité des vaccins, un accès équitable pour ceux qui en ont besoin, et va aider les gouvernements à renforcer la sensibilisation, la confiance et l’acceptation des vaccins », assure Mike Daniels, vice-président du secteur public mondial chez Google Cloud.
CALCULER DANS COMBIEN DE TEMPS JE POURRAI ÊTRE VACCINÉ
Grâce à un outil en ligne développé par Jasmine Mah, diplômée de l’Université de Guelph en Ontario, on peut en effet avoir une idée plutôt précise de la date à laquelle on pourra se faire vacciner. Développeuse pour la firme polonaise OMNI Calculator, elle a créé un algorithme qui se base sur les informations livrées par les autorités de santé publique canadiennes et le nombre de doses qui doivent être livrées. En combinant ces données avec son âge, sa profession et le nombre de personnes vivant dans son foyer, le simulateur délivre une estimation du temps qu’il faudra attendre avant de recevoir une dose du vaccin.
Pour l’heure, il manque encore un certain nombre de données pour livrer des dates ultra précises, comme le pourcentage de personnes qui souhaite se faire vacciner. Mais avec l’arrivée de plus en plus régulière de doses et l’ouverture de la vaccination pour tous, l’algorithme devrait devenir beaucoup plus précis.
« Une approche comme celle-ci pourrait être utilisée face à certains variants, ou à l’avenir pour de nouvelles épidémies » – Paul Bertin, Doctorant au MILA
TROUVER LES MEILLEURES COMBINAISONS DE MÉDICAMENTS
Si le Canada et le Québec n’ont pas encore leur propre vaccin – celui de Medicago serait prévu pour l’été prochain -, une coalition a été créée en mai dernier entre le MILA et Relation Therapeutics pour apporter une autre réponse solution médicale à la Covid-19. « L’idée, c’est d’utiliser un algorithme qui va donner des recommandations aux chercheurs pour savoir quels médicaments sont efficaces contre la Covid-19 » nous explique Paul Bertin, Doctorant au MILA, qui travaille au sein de cette coalition.
Les chercheurs du MILA, concentrent surtout leurs recherches sur les combinaisons de molécules. Ils veulent ainsi créer un répertoire pour explorer l’espace des combinaisons de molécules afin de découvrir des médicaments synergiques. Au États-Unis par exemple, on compte environ 12000 médicaments autorisés sur le marché, et donc une immensité de combinaisons, impossibles à tester dans leur intégralité. L’utilisation de cet algorithme doit décupler la vitesse à laquelle les meilleures combinaisons de médicaments sont trouvées.
Alors que plusieurs vaccins sont déjà sur le marché et que les campagnes de vaccination tendent à s’accélérer, on est en droit de se demander si ce projet est toujours vraiment utile. Absolument, répond Paul Bertin, « notamment face à certains variants contre lesquels les vaccins seraient moins efficaces. Et une approche comme celle-ci pourrait aussi être utilisée à l’avenir, pour des maladies inconnues ou de nouvelles épidémies ».