L’acné est un fléau qui affecte 5,6 millions de Canadiens, soit près de 20 % de la population. Malgré la promesse d’une peau immaculée suivant l’adolescence, de nombreux adultes voient leur qualité de vie sociale altérée au quotidien en raison de leurs complexes cutanés. Et si l’intelligence artificielle (IA) était l’alliée à considérer?
Environ le tiers des patients atteints d’acné qui consultent un médecin ont 25 ans et plus, nous apprend la Société canadienne de l’acné et de la rosacée. L’Association canadienne de dermatologie indique quant à elle que l’acné touche environ 90 % des adolescents et 20 à 30 % des adultes de 20 à 40 ans. « Dans 99 % des cas, l’acné se présente dans le visage, mais dans 50 % des cas, elle est aussi présente sur le corps (…) L’acné survient habituellement à la puberté et dure jusqu’à l’âge adulte, mais peut persister pendant de nombreuses années, quel que soit l’âge. » Les femmes comptent pour 75 % des cas d’acné chez les adultes. On prévoit que le quart des adolescents auront de l’acné jusqu’à l’âge de 25 ans.
Le défi : cibler la cause
Quand les hormones, la génétique, l’alimentation et une multitude de facteurs parfois insoupçonnés s’en mêlent, il devient difficile d’identifier la cause de son acné, et le traitement approprié pour sa résorption. La quête du remède miracle est donc un processus qui diffère d’une personne à l’autre, et qui peut s’avérer long et ardu. À défaut d’avoir trouvé la solution universelle, les chercheurs et compagnies pharmaceutiques continuent d’explorer de nouvelles manières de combattre ce problème de peau.
Les solutions en IA
1. Acne Intelligence
Acne Intelligence est une application mobile développée par SkinClinical AI, qui permet, en trois étapes, d’analyser la peau de son utilisateur et de lui faire des recommandations adaptées. Pour l’utiliser, il faut d’abord prendre une selfie, dans la lumière, sans maquillage ni aucun filtre. Ensuite, des algorithmes se chargent d’analyser la sévérité de votre acné, la sécheresse de votre peau et son inflammation au millimètre près. Finalement, une routine à adopter sera suggérée en fonction des conclusions générées à partir de l’IA et de la data clinique. « Chaque millimètre carré de votre visage sera analysé grâce à une vision artificielle complexe, qui se fonde sur divers algorithmes », précise le développeur, dont l’innovation gratuite est téléchargeable sur Google Play et l’Apple Store.
« Ce programme ne se substitue pas une consultation physique, mais sa performance est telle qu’il peut prédire avec une précision de jusqu’à 97 % l’évaluation clinique en personne (…) »
– L’Oréal
2. Skin Genius
Alimentée par l’IA, l’innovation Skin Genius de L’Oréal, lancée il y a un peu plus d’un an, se fonde sur 30 ans de data clinique collectée, entre autres, grâce à la collaboration de dermatologues. D’une précision de 95 %, l’outil permettrait de poser un diagnostic en comparant l’image des lésions observables sur la peau du sujet à celles de la base de données. L’entreprise suggère qu’il permet de « comprendre comment votre peau vieillit, trouver ce dont elle a besoin et où elle en a besoin ». Offert gratuitement en ligne sur le site web de L’Oréal, Skin Genius se sert aussi de la cartographie du visage pour analyser toutes les dimensions de l’anti-âge et fournit un diagnostic de soins de la peau, en plus de recommander les actifs dermatologiques adaptés.
« Skin Genius est basé sur un programme de haute technologie capable de comparer votre peau à 10 000 images réelles analysées par de vrais dermatologues et experts, amène L’Oréal. Ce programme ne se substitue pas à une consultation physique, mais sa performance est telle qu’il peut prédire avec une précision de jusqu’à 97 % l’évaluation clinique en personne en base à huit paramètres cliniques sur une large gamme de phototypes caucasiens, asiatiques et afro-américains. Le programme d’intelligence artificielle recommande des ingrédients, des produits et des rituels adaptés à votre derme. Toutes ces informations sont privées. Votre photo ne sera pas conservée et, à moins que vous ne souhaitiez la partager avec vos amis, vous serez la seule personne à pouvoir consulter les résultats. »
3. Les biais
Sophie Seité, Ph.D., La RochePosay Dermatological Laboratories, Levallois-Perret, France, et co-auteure de l’étude Development and accuracy of an artificial intelligence algorithm for acne evaluation (« Développement et précision d’un algorithme d’intelligence artificielle pour l’examen de l’acné ») réalisée en 2020, a développé, avec d’autres chercheurs, un algorithme pour les téléphones intelligents qui se fonde sur l’échelle GEA (Global Evaluation Acne), et « qui permet de mesurer rapidement la sévérité de l’acné et d’identifier les différentes lésions causées ».
Selon Mme Seité, l’innovation peut présenter un biais de nature discriminatoire, notamment parce que la composition de l’échantillon sur lequel les données sont collectées peut manquer de diversité : « Il est parfois difficile de mesurer le degré d’inflammation et d’hyperpigmentation chez les patients non caucasiens. C’est donc une technologie qui peut être utile pour les professionnels de la santé qui traitent surtout des patients caucasiens en consultation. »
Il a aussi été constaté au cours de son étude que « même si les systèmes d’exploitation IOS et Android offrent une caméra de même qualité, le rendu de la couleur semble influencer le diagnostic ».
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