Blocage des nouvelles au Canada par Meta : quelle sera la suite ?

Blocage des nouvelles au Canada par Meta : quelle sera la suite ?

Meta a entamé le blocage des liens et publications des médias de nouvelles au Canada sur ses plateformes sociales, à la suite de l’adoption de la loi C-18.

Le projet de loi C−18, adopté en juin, mais qui n’entrera en vigueur qu’à la fin décembre, oblige les géants du numérique à payer les médias d’information pour le contenu qu’ils partagent ou réutilisent sur leurs plateformes.

Suivant son cours de manière graduelle, le processus de Meta pour s’y conformer soulève déjà beaucoup de questions. À l’heure actuelle, il est impossible de prédire si les mesures que l’entreprise met en place persisteront, ni quels médias en seront affectés puisque la définition législative des organes de presse se veut assez large.

« Meta identifie les organes de presse sur la base des définitions législatives. Les médias incluent les entreprises dont l’objectif principal est de produire un contenu d’actualité, sous quelque format que ce soit (y compris un format audio ou audiovisuel), rapportant une enquête ou expliquant des questions ou des événements d’actualité présentant un intérêt pour le public. »

– Meta

« Meta identifie les organes de presse sur la base des définitions législatives. Les médias incluent les entreprises dont l’objectif principal est de produire un contenu d’actualité, sous quelque format que ce soit (y compris un format audio ou audiovisuel), rapportant une enquête ou expliquant des questions ou des événements d’actualité présentant un intérêt pour le public », a communiqué Meta, en marge de la transition.

Ce à quoi s’attendre…

Quel sera l’impact de ce blocage et qu’est-ce que cela implique pour les médias canadiens ? « Cette mesure affecte seulement les utilisateurs de Meta se trouvant au Canada. Dorénavant, il ne sera plus possible de consulter, partager ou commenter les nouvelles provenant des médias canadiens sur les réseaux sociaux puisqu’elles seront bloquées du fil d’actualités. Effectivement, les gens devront prendre l’habitude d’aller directement à la source afin de consulter les nouvelles. Cette situation implique un changement de comportement important chez les Canadiens, surtout chez les jeunes qui ont l’habitude de compter sur les algorithmes de Facebook et Instagram pour se tenir au courant de l’actualité. Combien d’entre eux vont réellement prendre le temps d’aller chercher les informations à la source? Cela reste à déterminer, mais le panorama est inquiétant », explique Samuel David-Durocher, professionnel du milieu de la publicité.

« Combien d’entre eux vont réellement prendre le temps d’aller chercher les informations à la source? Cela reste à déterminer, mais le panorama est inquiétant. »

– Samuel David-Durocher, professionnel du milieu de la publicité

« Plusieurs entités gouvernementales canadiennes ont décidé d’arrêter leurs dépenses publicitaires sur Facebook afin de riposter contre le blocage. Cette perte de revenus représente environ 10 M$ pour Meta. Toutefois, pour le géant des technologies (Meta), il ne s’agit que d’une goutte d’eau dans l’océan comparativement au 113 G$ de revenus qu’il a généré l’année dernière », poursuit M. David-Durocher.

Une perte d’engagement

De l’autre côté, certains médias constatent déjà les répercussions sur leur page Facebook, alors qu’on notre une diminution de 68,5% des interactions, si l’on compare le trafic du mercredi 9 août à celui du mercredi 2 août. On observe le scénario homologue sur Instagram, où les médias voient leur trafic diminuer de 55,8% entre ces deux mêmes dates, selon les données communiquées par Jean-Hugues Roy, professeur de journalisme à l’UQAM.

Actuellement, pour les médias, cette situation représente une perte potentielle au niveau du trafic et de l’engagement puisqu’en grande partie, ils proviennent des médias sociaux. Toutefois, il est possible que les gens prennent l’habitude de consulter les nouvelles directement sur les plateformes des médias. Cet effet peut être même bénéfique pour eux, car il réduirait considérablement leur dépendance aux géants de la technologie en leur donnant plus de contrôle sur leurs opérations.

Crédit Image à la Une : Freepik et Unsplash