« On doit avoir une capacité de répondre aux besoins dans le domaine de la construction », a fait valoir Jean Boulet, ministre du Travail, au cours d’un déjeuner-conférence tenu le lundi 1er mai à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). Le ministre y a annoncé qu’il comptait déposer un projet de loi à l’automne prochain pour « moderniser » les métiers de la construction, tout en présentant les stratégies qu’il comptait mettre de l’avant pour y parvenir, incluant l’intégration de solutions technologiques innovantes.
L’innovation technologique au profit de la sécurité
L’utilisation des innovations technologiques peut amener de l’aide aux entreprises sous différentes formes : elles peuvent transporter des charges lourdes, détecter des anomalies ou encore permettre l’accès à des lieux dangereux ou confinés à la place du travailleur, entre autres. Inclure de nouvelles technologies en construction « va permettre aux entreprises d’être plus compétitives, et de mieux préserver la santé et sécurité des travailleurs », estime M. Boulet, qui compte intégrer l’offre technologique au plan de modernisation de la construction.
« (…) Le plus grand actif que nous avons est de dialoguer et de trouver des solutions », résume et conclut le ministre du Travail. » – Jean Boulet, ministre du Travail
Les difficultés de sécurité au travail sont l’un des enjeux les plus importants selon le ministre. Comme près de 60 personnes décèdent annuellement des accidents au travail, « il faut certainement améliorer notre bilan lésionnel, et la modération du régime de santé et sécurité, avec les mécanismes de prévention et de participation des travailleurs, pourra y contribuer ».
« On a un rendez-vous qui va nous imposer à tous l’impératif d’être créatifs, flexibles et ouverts. Il faut diminuer les douleurs inhérentes au travail dans ce secteur, y favoriser un meilleur accès, s’assurer d’avoir plus de flexibilité, et intégrer de façon sécuritaire et harmonieuse les nouvelles technologies. Faisons-le tous ensemble (…) Le plus grand actif que nous avons est de dialoguer et de trouver des solutions », conclut le ministre du Travail.
Un secteur à valoriser
« La construction est un secteur névralgique pour plusieurs secteurs d’activité essentiels, dont la santé, l’éducation, le logement, et ce, partout au Québec », a souligné le ministre, rappelant l’importance de cette industrie, qui génère 17% du PIB québécois et représente 67 G$ des investissements (en 2021) et 287 000 emplois directs.
Les besoins en construction et en réparation sont considérables, et les projets en matières de logements, hôpitaux, écoles, routes et infrastructures ne tarissent pas. Mais le ministre y voit deux principaux défis : le manque de main-d’œuvre et la productivité des travailleurs.
M. Boulet s’attend à pouvoir déposer un projet de loi cet automne, en réponse à ces enjeux, qui va se traduire « par des changements réglementaires, législatifs, mais aussi et surtout des changements de mentalité, marquant le début d’une vaste campagne de sensibilisation collective à l’importance de mieux faire dans ce secteur. »
Des travailleurs polyvalents
« La polyvalence doit être favorisée dans certains métiers pour conférer une meilleure flexibilité dans l’exécution de certains travaux », croit M. Boulet. Il note que les nombreux métiers cloisonnés génèrent des délais, des coûts et des enjeux de productivité.
« La polyvalence doit être favorisée dans certains métiers pour conférer une meilleure flexibilité dans l’exécution de certains travaux. »
– Jean Boulet, ministre du Travail
Pour le ministre, le concept d’activité partagée est la « pierre angulaire » de ce que doit faire le milieu de la construction en termes de flexibilité : « Je sais que les activités partagées sont un enjeu pour les syndicats et les patrons, mais je veux y aller en accompagnement, en étant constamment ouvert à des solutions, des idées, des alternatives », de préciser le ministre.
Simplifier et démocratiser l’accès à ces métiers
« On a fait, avec la CCQ (la Commission de la construction du Québec), huit allègements réglementaires pour que la construction soit une avenue plus intéressante pour plus de monde », rappelle le ministre. Ceci implique de simplifier et alléger des procédures au niveau réglementaire et administratif, de reconnaitre les expériences pertinentes acquises par les travailleurs en dehors du milieu de la construction et de faciliter la reconnaissance des formations des personnes immigrantes.
Mais, pour le ministre, rendre les métiers de la construction plus accessibles passe aussi par l’inclusion des femmes, des personnes immigrantes et de celles issues des Premières Nations et Inuits. « Au Québec, on a un bassin additionnel de capital humain qui est fantastique. Il faut le recruter, mais aussi le retenir (…) Il faut, dans le secteur de la construction, devenir le plus inclusif et diversifié possible », insiste-t-il.
« Il va falloir que tout le monde se mette ensemble, non seulement pour le recrutement et la rétention, mais aussi pour valoriser ce secteur et s’assurer qu’on reconnaisse bien les compétences des personnes qui viennent de l’extérieur. »
– Jean Boulet, ministre du Travail
Rappelons que la diversité est plutôt limitée dans le paysage de la construction au Québec : les femmes ne représentent que 3,65% de la main-d’œuvre, les minorités visibles 4,1%, les personnes immigrantes 6,9%, et les personnes issues des Premières Nations et Inuits 0,75%. M. Boulet indique que la CCQ travaille actuellement sur un plan d’accès à l’égalité des minorités, qui sera bientôt présenté.
« Il va falloir que tout le monde se mette ensemble, non seulement pour le recrutement et la rétention, mais aussi pour valoriser ce secteur et s’assurer qu’on reconnaisse bien les compétences des personnes qui viennent de l’extérieur », d’ajouter le ministre.
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Crédit Image à la Une : Roxanne Lachapelle