Une centaine d’invités ont répondu présent au « Rendez-vous VRRRR », tenu hier au Collège André-Grasset en l’honneur de son programme d’études collégiales dans le domaine de la réalité virtuelle (VR) et augmentée (AR). Parmi eux, on comptait de nombreux jeunes de la relève venus en savoir un peu plus sur les débouchés qui s’offrent à eux dans l’industrie.
C’est dans le but de faire la promotion de ce programme d’études auprès des prochains inscrits, mais aussi d’aider les diplômés à propulser leur carrière, que le « Rendez-vous VRRRR » proposait une rencontre avec des acteurs de l’industrie, incluant trois sommités, pour leur permettre d’échanger au travers d’un panel de discussion et de « braindates » (rendez-vous entre cerveaux).
La formation
« Quand je serai grand(e), je serai spécialiste en réalité virtuelle et augmentée! » Si, jusqu’à récemment, ce choix de carrière était méconnu et peu commun, faute de sensibilisation et de formations offertes en ce sens, il est aujourd’hui celui de dizaines d’étudiants futurs ou ayant déjà fréquenté le Collège pour y suivre les cours en VR.
Admissible au programme PRATIC de Services Québec, la formation est une rareté dans le milieu de l’éducation. Elle implique de faire 120 heures de stage en entreprise, et de travailler avec du matériel à la fine pointe de la technologie, dont une paire de lunettes Hololens, d’une valeur de 5000 $.
Le programme permet aux finissants de maîtriser les langages de programmation pertinents (back-end) ainsi que la conception graphique et l’animation 3D (front-end), jusqu’à créer un projet en réalité virtuelle, augmentée ou mixte, de A à Z.
« L’Institut Grasset est la seule institution francophone à offrir un programme spécialisé en réalité virtuelle et augmentée au Québec, nous explique d’ailleurs Nathalie Dansereau, conseillère en communication et recrutement international à Grasset. Avec le Collège Champlain, qui offre l’homologue en anglais, nous sommes les pionniers de la formation en VR. »
L’événement était d’ailleurs organisé en collaboration avec le Collège Champlain, ainsi que d’autres partenaires bien établis : Les 7 Doigts, Félix & Paul Studios, Zù, XnQuébec et OVA.
Un panel d’invités de renom
Les échanges de la soirée ont débuté en compagnie de trois panélistes, soit Harold Dumur, fondateur et PDG d’Ova, Alexandre Téodoresco, directeur Développement Stratégique et innovation chez Les 7 Doigts, et Jacques Levesque, responsable de la post-production chez Félix & Paul, qui ont tour à tour parlé de leurs entreprises respectives avant de répondre aux question du public quant aux perspectives d’emploi et aux qualités qu’ils recherchaient chez un candidat.
Pour M. Levesque, « la curiosité » est de mise, « car bien que l’on apprenne beaucoup de notions pendant les cours, après la formation, l’évolution est constante et est loin d’être finie. Jusqu’à l’âge de 55 ans, il faut rester curieux pour être capable de suivre. » Pour M. Téodoresco de chez Les 7 Doigts, « étant donné qu’on est dans une grande phase d’exploration, recherche et développement, on n’a pas besoin de spécialistes d’un seul outil. On veut quelqu’un qui a l’esprit d’un pirate informatique en ce qu’il saura se débrouiller avec n’importe quoi entre les mains. La sensibilité artistique est aussi très importante pour une entreprise comme la nôtre (qui se spécialise dans le spectacle de cirque), puisqu’il faut pouvoir intégrer le langage des arts de la scène. » Finalement, le PDG d’OVA, abonde dans le même sens que ses co-panélistes, sans toutefois se garder de reconnaître que l’importance de maîtriser des outils comme Blender pour la création d’objets virtuels 3D, et d’acquérir certaines compétences ciblées.
68 000 $, ce serait le salaire annuel moyen d’un junior de l’industrie de la réalité virtuelle et augmentée
– Collège André-Grasset
Former une relève et des ambassadeurs
L’un des objectifs de cette rencontre était de rappeler l’importance de valoriser et de démystifier le travail des experts de la VR auprès du grand public et de ceux qui ne font pas partie de la communauté VR, « parce que nos carrières en dépendent », a d’ailleurs souligné le panéliste Alexandre Téodoresco.
Le rendez-vous a aussi permis d’exposer les attraits d’une carrière en VR, puisque le marché est en plein essor, et que l’innovation y est en forte demande. Selon les données rapportées par l’Institut, le salaire annuel moyen d’un junior de l’industrie s’élèverait à 68 000 $, ce qui n’est pas pour déplaire la relève. Mais elle demeure difficile à mobiliser.
Dans un contexte où il y a pénurie de main-d’oeuvre et de professionnels, il faut offrir davantage de formations et multiplier les efforts de sensibilisation auprès de la population, afin d’ouvrir la voie à de potentiels candidats, mais aussi assurer la pérennité et la croissance de l’innovation qui opère déjà au Québec.
« Nous avons mobilisé une centaine d’invités dans ce but, parce que plus on se rassemblera, mieux on assurera la relève qu’il manque à l’industrie. Contrairement à la communauté de l’intelligence artificielle, ou du jeu vidéo, celle de la VR est moins évidente à cibler, et on ne l’associe pas toujours à tous ses champs de compétence ou secteurs d’activité. Pourtant, ses technologies ont plusieurs applications, notamment dans le domaine de la construction, et pas seulement dans les jeux vidéo », de remarquer Mme Dansereau. La VR se développe aussi dans les secteurs de l’animation, les domaines de la santé, de l’enseignement, de la publicité, de l’architecture, de l’astronomie, etc.
N’empêche, lorsqu’on questionne les étudiants et nouvelles recrues quant à ce qui les a attirés vers le programme, on constate que la création de jeux vidéo domine largement leurs intérêts. C’est le cas de Paulina Riquelme Marchant, trentenaire et mère de famille, présente à l’événement. « J’ai été jeune maman et ai dû travailler très tôt dans ma vie. Faire des études, c’est nouveau pour moi. Mon choix s’est arrêté sur l’Institut Grasset après plusieurs recherches. Je m’intéresse aux possibilités de rentrer dans les jeux vidéos grâce à la réalité virtuelle, et c’est ce en quoi j’aimerais me spécialiser. Mais si ce n’est pas possible, je suis aussi ouverte à connaître d’autres créneaux en lien avec les études du programme », relate la jeune femme.
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Crédit Image à la Une : Chloé-Anne Touma