Recherche : les algorithmes affamés de superordinateurs

Recherche : les algorithmes affamés de superordinateurs

Toujours à la recherche d’ordinateurs de plus en plus puissants capables d’effectuer les calculs nécessaires pour développer les prochaines innovations en intelligence artificielle (IA), l’Institut québécois d’intelligence artificielle (Mila) souligne l’importance de cet enjeu auprès du gouvernement.

« [Les infrastructures en calcul de pointe] c’est critique pour la production scientifique. On en manque tout le temps, il y a un besoin perpétuel pour plus de puissance de calcul », souligne Frédéric Osterrath, directeur de l’innovation, du développement et des technologies au Mila.

En effet, selon ce dernier il s’agit d’un enjeu de taille puisque les ordinateurs utilisés dans le cadre de la recherche, les processeurs graphiques (GPU) sont l’outil principal sur lequel sont découvertes les nouvelles approches en IA.

« Les expériences répétitives nécessaires à l’IA ne peuvent se faire sans ce matériel », résume-t-il.

Dans un rapport déposé dans le cadre de la consultation publique sur la stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation 2022, l’institut présente une série de recommandations pour assurer que le Québec demeure performant et compétitif sur le plan de la recherche en IA.

« On est affamé du point de vue computationnel » – Frédéric Osterrath, directeur de l’innovation, du développement et des technologies, Mila

Parmi celles-ci, « accélérer le déploiement d’infrastructures de calcul de pointe » est identifié comme étant une problématique de premier ordre.

Selon Mila, il faudrait assurer l’allocation de 4 GPU par chercheur afin de demeurer scientifiquement compétitifs au Québec et au Canada.

Présentement, le ratio actuel est d’environ 1,5 GPU par chercheur au Mila, « un peu en dessous de 1 si on prend en compte seulement nos propres ressources », précise M. Osterrath.

Effectivement, les instituts comme Mila comptent sur les superordinateurs d’organismes comme Calcul Québec et Calcul Canada pour effectuer leur recherche.

D’ailleurs, les chercheurs de Mila privilégient déjà d’une allocation de 1/6 des ressources de Calcul Canada, révèle M. Osterrath.

Dans son rapport, Mila cerne d’autres enjeux, dont l’adoption de l’IA par le gouvernement québécois, le déploiement des programmes pour faciliter l’exploitation sécuritaire des données publiques et privées, ainsi que la mise en oeuvre des stratégies pour une meilleure compréhension, confiance et acceptabilité de l’IA de la part des citoyens et usagers.

ACQUISITION DE NOUVEAU MATÉRIEL

Le gouvernement fédéral a pris les devant en ce qui a trait à l’enjeu de l’acquisition du matériel de calcul.

Dans son récent Budget, des 444 M$ prévus pour le secteur de l’IA au pays, 40 M$ ont été mis de côté pour une capacité de calcul exclusive aux trois instituts (Montréal, Toronto, Edmonton) de recherche en IA.

Par ailleurs, la question de l’accès aux ressources de calcul de pointe se fait dans un contexte où une pénurie mondiale frappe le secteur des semis conducteurs, une crise qui est doublée par la surenchère sur la vente des cartes graphiques.

Le premier problème est le résultat de la pandémie, qui a porté un coup dur à la production des puces électroniques de pointe.

C’est que seulement une poignée d’usines dans le monde produisent ces composantes à grande échelle. Cette pénurie a depuis incommodé les fabricants de téléphones intelligents, d’appareils électroniques et même les manufacturiers automobiles.

De plus, la montée en popularité de la cryptomonnaie a entraîné une course à l’acquisition des cartes graphiques, parce qu’elles sont nécessaires aux calculs répétitifs dans les opérations de « minage ». Les fabricants comme NVIDIA ont été forcés de prendre certaines mesures pour mettre un frein à la frénésie.

Sur cet aspect, M. Osterrath se veut toutefois rassurant quant à l’impact sur les travaux à Mila.

« Nous avons fait des acquisitions en 2020 et nous n’avons pas été touchés par les problèmes de pénurie. Nous sommes confiants que nos fournisseurs et l’industrie sauront assurer l’obtention de nouveau matériel dans le futur », indique-t-il.

Crédit photo: Pexels/Christina Morillo