Les entreprises québécoises doivent amorcer leur virage vert, non pas seulement pour préserver l’environnement, mais aussi afin de demeurer compétitives. Or, l’intelligence artificielle (IA) offre des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), selon des acteurs du milieu de l’intégration du numérique dans l’industrie.
D’après un rapport de la Banque Royale du Canada, il en coûtera deux milles milliards de dollars aux Canadiens.nes pour atteindre une économie carboneutre d’ici 2050.
Il est fort à parier que ce sont les divers secteurs de l’économie qui devront assumer une partie de ces dépenses, croit Hugues Foltz, vice-président exécutif chez Vooban.
Ainsi, cette compagnie spécialisée dans la transformation digitale des entreprises a déjà piloté quelques projets qui ont assuré la diminution de l’empreinte carbone et l’augmentation de la productivité de ses clients, indique M. Foltz.
Lors d’une présentation devant le Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium mardi dernier, le VP exécutif a affirmé que l’IA propose une panoplie d’outils pour combattre les émissions de GES.
« L’IA a le potentiel de réduire de 1 à 4 % les émissions de GES d’ici 2030 » -Hugues Foltz, VP exécutif, Vooban
Un des projets de Vooban qui illustre le mieux l’efficacité de l’IA dans la lutte aux changements climatiques est sans doute son partenariat avec Dolbec, un producteur de pommes de terre qui a réussi à sauver 500 000 tubercules par année des poubelles en optimisant avec l’IA son système de tri intégré à sa chaîne de production.
UNE CAPACITÉ DE PRÉDICTION INÉGALÉE
En premier lieu, les algorithmes ont une capacité de prédiction inégalée, un atout majeur, par exemple pour l’entretien des équipements et de la machinerie.
Une technologie de maintenance prédictive assurerait ainsi que les ressources consacrées à cet effet soient affectées au moment opportun, au lieu de suivre un plan d’entretien conçu par des humains, qui sont souvent « conservateurs » dans leurs prévisions.
« Selon un plan de maintenance traditionnel, tu pourrais changer une courroie trois fois par année, alors que ce n’est pas nécessaire. Toutefois, un algorithme serait en mesure de prédire le moment idéal pour faire ce changement, au lieu de suivre bêtement un plan mal adapté à la réalité », souligne M. Foltz.
Tout cela permettrait de sauver des ressources et du matériel, faisant ainsi baisser la facture environnementale et réelle de l’entreprise.
« Vos données peuvent vous permettre d’éventuellement réduire votre taxe carbone » – Hugues Foltz, VP exécutif, Vooban
Les chaînes d’approvisionnement produisent aussi beaucoup de GES et peuvent tirer partie d’une optimisation grâce à l’IA.
La gestion des marchandises dans les entrepôts portuaires, lorsqu’elle est efficace, peut avoir des effets positifs sur les émissions des entreprises, affirme le VP exécutif de Vooban.
En prédisant la demande pour certaines commandes à partir des données sur les temps de livraison et des besoins des clients, des gestionnaires de ports commerciaux peuvent ainsi améliorer la distribution, comme sur « un échiquier ».
Françoys Labonté, directeur général du Centre de Recherche informatique de Montréal (CRIM) abonde dans le même sens au sujet du potentiel de l’IA en transports.
« Dans le domaine des transports en commun, l’IA peut par exemple optimiser les parcours des autobus électriques en prenant en considération les cycles de recharge des batteries, l’analyse de leur usure et la variation de la consommation d’énergie », explique-t-il.
Celui-ci ajoute que quelques entreprises québécoises mènent le bal en ce qui concerne la gestion des émissions dans le bâtiment.
Que ce soit Brainbox AI, le Centre d’expertise sur la construction commerciale en bois ou Batimatech, plusieurs groupes dans la province sont des leaders dans la consommation énergétique des édifices et dans la gestion des émissions de GES sur les chantiers.
Crédit photo: Erwan Hesry / Unsplash