Des fabricants, en passant par les ports commerciaux, jusque dans les boutiques au coin de la rue; le monde de la logistique connaît une mutation rapide de ses moyens et effectifs. Que ce soit sur terre, en mer et même dans l’espace, la façon dont nous distribuons les marchandises et organisons le travail ne sera plus jamais la même grâce aux algorithmes. Petit retour en arrière sur une année mouvementée dans le secteur de la logistique.
TRANSPORTS MARITIMES
Le transport maritime, un des plus anciens moyens de distribution des biens et produits, connaît un engouement pour la numérisation et l’utilisation des technologies de l’intelligence artificielle (IA).
En mai 2020, c’est la lutte contre la COVID-19 qui accélère le déploiement de nouvelles initiatives au Port de Montréal.
Dans le cadre d’un appel à projets, l’Administration portuaire de Montréal et CargoM ont obtenu une enveloppe de 500 000 $ pour concevoir un outil de traçage rapide des produits critiques dans les conteneurs, un dispositif développé en collaboration avec IVADO Labs.
L’objectif est d’assurer que les conteneurs qui contiennent des produits essentiels au combat contre la pandémie ne se retrouvent pas sur les quais pour une période de plus de 12 heures.
D’ailleurs, en ce qui concerne les conteneurs, on apprend au mois de septembre que 20 % de ceux-ci sont endommagés pendant leur transport sur les flots.
L’IA pourrait aider à réduire cette statistique selon Canscan, une start-up qui s’est donné comme mission d’optimiser les processus de manutention et d’inspection des conteneurs de marchandises grâce à l’aide de systèmes de reconnaissance visuelle basés sur l’IA.
L’outil est conçu pour capter les images via les caméras déjà existantes dans les infrastructures portuaires et les analyser à l’aide d’algorithmes. Lorsqu’un conteneur est endommagé ou jugé non conforme, il est immédiatement détecté. Le système permet ainsi au processus d’inspection d’être plus objectif, plus détaillé et de réduire les erreurs.
AÉROSPATIALE
Les investissements se multiplient aussi dans le secteur de l’aérospatiale depuis les dernières années.
En juin 2020, le gouvernement du Québec, injecte 14 M$ pour soutenir le développement de deux satellites par l’entreprise GHGSat.
Cette entreprise québécoise créée en 2011 est spécialisée dans la détection, par satellites ou par capteurs aéroportés, des émissions de gaz à effet de serre et d’autres gaz de sources naturelles ou produits par l’activité humaine.
Le premier satellite de GHGSat, appelé GHGSat-D et surnommé Claire, a été lancé le 21 juin 2016. Claire fait le tour de la Terre environ 15 fois par jour.
Puis à l’automne, le ministre de l’Économie et de l’Innovation accorde une aide de 2,9 M$ sur 5 ans au Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale au Québec pour soutenir l’innovation collaborative en IA appliquée au sein du projet DEEL (DEpendable & Explainable Learning) dans le cadre d’un partenariat France-Québec.
Cet investissement de 2,9 M$ vient consolider le financement global québécois de 7,5 M$ qui vise le développement d’applications liées à l’IA dans le domaine de l’aérospatiale.
Le projet DEEL s’inscrit par ailleurs dans le cadre d’un partenariat signé entre l’IRT Saint-Exupéry de Toulouse, l’Institut de valorisation des données (IVADO) et le Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale du Québec (CRIAQ), à Montréal.
TRANSPORTS EN COMMUN
L’IA a aussi son rôle à jouer dans l’amélioration des transports pour les individus.
En août, l’entreprise Bus Patrol annonçait l’implantation de son centre de recherche et développement à Montréal.
On compte ainsi créer 150 emplois d’ici deux ans.
La compagnie américaine installe des caméras intelligentes sur les bus scolaires pour traquer les automobilistes dangereux et elle souhaite profiter de l’écosystème montréalais en IA.
Celle-ci vise à s’attaquer à un enjeu de taille, car chaque jour au Québec, un bus scolaire se fait doubler illégalement 3,8 fois en moyenne, selon ses données.
Bus Patrol veut contrer cette tendance d’insécurité routière via sa solution de caméras intelligentes.
Ensuite, peu avant Noël, le ministre de l’Économie et de l’Innovation (MEI), Pierre Fitzgibbon a procédé à une série d’annonces régionales issues des appels de projets 2019-2020 pour améliorer la compétitivité des entreprises par l’adoption de l’IA.
En Montérégie, six entreprises se partagent ainsi 255 000$ pour réaliser leurs projets d’IA. Parmi celles-ci, la jeune pousse Blaise Transit, de Saint-Hubert, a reçu une subvention de 25 000$ du MEI pour aider les sociétés de transport à optimiser leurs opérations.
L’idée de base transformerait la logistique et l’organisation des transports collectifs telles que nous les connaissons. Au lieu d’avoir des lignes d’autobus avec des horaires fixes, la plateforme logicielle universelle adaptera le service en fonction de quand et où les gens veulent aller.
Puis en avril, une nouvelle chaire de recherche à HEC Montréal est née. Cette dernière viendra « renforcer » l’expertise de l’institution en matière de mobilité et de logistique urbaine, afin de trouver des solutions durables pour les villes de demain.
Créée en collaboration avec Scale Ai, cette chaire a été octroyée à Carolina Osorio, une professeure du Département des sciences de la décision de HEC.
D’une durée de 5 ans, la bourse de recherche sera financée à la hauteur d’un million de dollars, afin de développer la recherche en IA appliquée aux chaînes d’approvisionnement.
Les travaux de Mme Osorio portent sur le développement de méthodes de modélisation et d’optimisation pour la conception de systèmes urbains de logistique et de mobilité durables.
COMMERCE
Enfin, les algorithmes peuvent venir prêter main-forte aux commerçants de tous acabits.
En novembre on découvrait la plateforme Heyday qui utilise les agents conversationnels afin de révolutionner le commerce en ligne.
Ses robots en ligne sont employés par de grandes chaînes comme Oberson, Simons, Decathlon ou Le Garage.
Heyday propose un assistant virtuel qui est disponible 24 heures sur 24 et qui répond aisément à une pléiade de questions les plus couramment posées comme sur les heures d’ouverture.
Puis en janvier, un des premiers magasins « sans friction » au Canada voit le jour entre les murs de l’Université McGill, à Montréal.
Ce laboratoire vivant, une collaboration entre Alimentation Couche-Tard inc. et l’École Bensadoun de commerce au détail, intègre une panoplie d’innovations numériques, incluant l’IA, afin d’améliorer l’expérience client et de faciliter la gestion de l’inventaire.
L’espace de 210 mètres carrés, situé au 1001, rue Sherbrooke Ouest, dans le pavillon Bronfman, n’a pas d’employés aux caisses et les transactions s’y font plutôt grâce à des bornes qui lisent une application téléchargée préalablement par les clients sur leur téléphone intelligent.
« On ouvre, on entre, on paie et on sort. C’est aussi simple que ça », explique alors Maxime Cohen, codirecteur du laboratoire en innovation du commerce de détail à la Faculté de gestion Desautels de McGill.
En terminant, un article d’Antoine Bourdarias en février nous fait découvrir la pratique de plus en plus courante du remboursement des achats en ligne ne nécessitant pas le retour de l’article défectueux ou indésirable.
Souvent, les coûts de transports et la logistique nécessaire au retour d’un objet de petite valeur sont peu profitables pour de grosses multinationales comme Amazon et Walmart et ceux-ci préfèrent laisser les articles entre les mains de leurs clients.
Et c’est un algorithme qui analyse la situation pour ensuite prendre une décision pour le site du commerçant.
Crédit photo: Pexels/Craig Adderley