Technologies propres : répondre à la demande dans ce domaine en plein essor

Technologies propres : répondre à la demande dans ce domaine en plein essor

La CleanTech, également appelée « technologie propre »,  est le domaine qui s’intéresse au développement de solutions durables et écologiques visant à réduire l’impact environnemental des utilisateurs, tout en répondant à leurs besoins ou à ceux de la société. Elle englobe tous les produits, services et processus dépendant de matériaux et d’énergies renouvelables, ayant pour effet de contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre et autres formes de pollution. Suscitant un intérêt croissant auprès des entreprises canadiennes, et attirant les talents de la relève, la CleanTech, lorsqu’elle n’est pas déjà au cœur de leurs stratégies d’économie durable, est plus que jamais dans le viseur des gouvernements et compagnies, avides d’innovation.

Un engouement marqué au Québec

Au Québec comme dans le reste du Canada, les technologies propres séduisent de plus en plus, faisant émerger plusieurs projets de société visant à changer les modèles des industries. Pensons aux énergies renouvelables » (solaire, éolienne, hydraulique, géothermique et biomasse), qui génèrent moins d’émissions de gaz à effet de serre que les sources d’énergie traditionnelles, au domaine de l’efficacité énergétique, à la mobilité durable en transport électrique, à la gestion des bâtiments, ou encore, aux technologies de l’eau propre et du traitement des déchets. Autant de domaines où le Québec a l’ambition de devenir un leader, sinon d’améliorer ses performances.

PUBLICITÉ

Des défis à relever

Mais cet essor se heurte parfois à un manque de ressources, qui freine l’élan d’adhésion des milieux tantôt preneurs, tantôt initiateurs.

« (…) au Québec, on parle d’une croissance de 60 % des projets de CleanTech menés en collaboration avec Mitacs par rapport à l’année dernière (…) »

– Quentin Hibon, directeur du développement des affaires chez Mitacs

Quentin Hibon. (Photo : Mitacs)

Parmi les enjeux de transition et d’intégration pour les entreprises, qui ne sont pas seulement spécifiques de la CleanTech mais dont elle n’est pas épargnée, on relève généralement les coûts associés à l’innovation en termes de recherche et développement, puisqu’on parle d’investissements qui peuvent être significatifs pour certaines entreprises, comme les start-up.

« La question du talent reste aussi un défi pour les organisations des secteurs innovants », explique, en entrevue avec CScience, Quentin Hibon, directeur du développement des affaires chez Mitacs, un organisme sans but lucratif qui, en partenariat avec les universités, le secteur privé et les gouvernements du Canada et du Québec, aide à relever les défis organisationnels au travers de stages rémunérés, que le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie entend soutenir à hauteur de 64,6 millions de dollars jusqu’en 2027. De ce financement, une portion sera investie dans le développement de projets en CleanTech, secteur phare du plan stratégique du Québec en matière d’innovation.

Les forces et la compétitivité locales

Le Québec peut heureusement compter sur « les connexions entretenues dans tout le réseau collégial et universitaire à travers le Canada », qui le font se démarquer, pense M. Hibon. « On a les compétences en interne pour dénicher les talents dont on a besoin et mener des projets de recherche en CleanTech. On a de plus en plus de projets dans le secteur, ce qui démontre un réel engouement. À titre d’exemple, au Québec, on parle d’une croissance de 60 % des projets de CleanTech menés en collaboration avec Mitacs par rapport à l’année dernière, soit d’un essor marqué comparativement au reste du Canada, où la croissance est évaluée à 30 %. »

« Il faut que les programmes universitaires soient au rendez-vous et se mettent en place (…) »

– Quentin Hibon, directeur du développement des affaires chez Mitacs

Des chiffres encourageants, qui reflètent surtout une opportunité d’être compétitif sur le marché, et de faire carrière dans le secteur.

Or, si la relève ne tarit pas d’intérêt pour la CleanTech, en forte demande, il ne faudrait pas que l’offre lésine sur les formations : « Il faut que les programmes universitaires soient au rendez-vous et se mettent en place pour produire une manne de talents capables de travailler sur les projets engendrés dans le secteur », suggère Quentin Hibon, d’autant plus qu’il reconnaît l’appétit indéniable de la relève pour les opportunités d’emploi au sein d’entreprises ayant adopté des valeurs pro-environnementales.

Déjà en 2017, le rapport Panorama des Cleantech au Québec d’Ernst & Young révélait que 66 % des jeunes trouvaient la perspective de décrocher un emploi dans la CleanTech attirante. « Aux États-Unis en 2017, les technologies propres exercent un réel pouvoir d’attraction sur les jeunes de moins de 20 ans. Ces derniers croient fortement que les entreprises qui polluent ne se préoccupent pas de ce qui est le mieux pour leur génération alors que ce sont eux qui sont les plus concernés par les impacts environnementaux à long terme. »

Relever les défis de recrutement dans les secteurs innovants des régions du Québec

Faire converger les intérêts collectifs et les visées entrepreneuriales

Il faut aussi, parfois, ménager la chèvre et le chou, et pousser certains incitatifs propres aux visées directes des entreprises, qui ne voient pas forcément d’attrait dans le développement ou l’adoption de CleanTech, ou n’en sentent pas la compatibilité avec leurs propres objectifs de croissance. « C’est évident; pour le succès de tout projet d’innovation, il faut que les entreprises y voient leur propre intérêt. Les visées collectives ne suffisent pas. Il peut s’agir d’un gain en productivité, ou d’une baisse des coûts de production, par exemple, sans quoi elles n’entreprendront pas de projet. »

Les subventions, les crédits d’impôts en recherche et développement, les programmes de stage, et les investissements actuels du gouvernement notamment dans la recherche et les infrastructures, sont de bonnes solutions pour répondre à ces enjeux, pense l’expert de Mitacs. « Il faut soit un intérêt direct, soit une obligation législative, pour que les entreprises soient sensibilisées aux apports de la CleanTech et franchissent le pas vers son intégration. »

Des exemples concrets de réussite en transport électrique

Si le Québec est réputé pour l’abondance de ses ressources renouvelables, et bien positionné pour ce qui est des énergies hydroélectrique et éolienne, M. Hibon rappelle l’importance de diversifier ses sources d’électricité pour être en mesure d’en fournir à la hauteur des « pics de croissance » de la demande de consommation, et de ses ambitions.

CAPSolar

Fondée par Samy Benhamza et Hanssan Permalloo, CAPSolar conçoit des panneaux solaires adaptés à l’industrie du transport électrique. (Courtoisie : Mitacs et Centech)

Estimant que l’énergie solaire fait partie de la solution, il évoque le succès de CAPSolar, une start-up fondée par Samy Benhamza et Hanssan Permalloo, tous deux diplômés de Concordia en génie mécanique, dont l’offre, qui consiste en la conception et le déploiement de panneaux solaires adaptés à l’industrie du transport électrique, permet notamment aux voitures d’entretien du Parc Jean-Drapeau de fonctionner à l’énergie solaire.

« Notre offre unique réside dans nos technologies solaires avancées pour améliorer l’efficacité des véhicules électriques, allant des voitures et des camions aux véhicules plus petits et aux embarcations marines. Notre objectif ultime est d’étendre significativement l’autonomie de ces véhicules, de réduire la dépendance à l’infrastructure de recharge, et d’exploiter le potentiel illimité de l’énergie solaire gratuite et propre », défend l’entreprise, qui intéresse aujourd’hui une clientèle qui dépasse les frontières du marché local.

Pour créer des panneaux propulsant des flottes de véhicules à l’énergie solaire, CAPSolar mise sur la technologie des cellules dites « IBC (Interdigitated Back Contact) », de dernière génération et semi-flexibles, qui se distinguent des technologies solaires au silicium, dont le rendement serait plus limité. La start-up, qui vient de réussir à lever plusieurs millions, a notamment bénéficié des programmes de Mitacs, dont « Mitacs Entrepreneur International », qui permet à une entreprise de considérer d’autres marchés et de partir à l’étranger faire du démarchage.

Theron EV

L’entreprise Theron EV, fondée par Bastien Theron, ancien étudiant en génie mécanique de l’UQTR, s’inscrit aussi au chapitre des réussites québécoises en CleanTech et transport, pour son quad électrique, lancé en production l’année dernière, mais créé en 2016, et dont 85% des pièces sont conçues au Canada afin de stimuler l’économie locale tout en minimisant l’impact écologique. Le développement de ce véhicule, adapté au climat du « Grand Nord canadien », a notamment bénéficié de la contribution de stagiaires issus du programme de génie électrique de l’UQTR, grâce à l’offre de Mitacs.

Le Canada et le reste du monde

Le Toronto Business Development Centre rappelle que « Les États-Unis, la Chine, le Japon, le Canada et l’Allemagne sont actuellement les acteurs les plus notables de CleanTech sur le marché mondial. Les gouvernements se précipitent pour façonner l’avenir des technologies d’énergie propre en augmentant la résilience et la diversité des chaînes d’approvisionnement. Le fait de continuer à mettre l’accent sur le renforcement des stratégies industrielles se traduira par un plus grand attrait pour l’investissement et un rôle plus important dans le commerce international. »

Le marché mondial des technologies d’énergie propre devrait ainsi croître à un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 5,5%, « pour atteindre une taille de marché de 453,5 milliards de dollars américains d’ici 2027. Le segment éolien devrait enregistrer un TCAC de 5,3% et atteindre 170,3 milliards de dollars américains d’ici 2027, tandis que le segment solaire devrait croître plus rapidement à un TCAC de 6,8%. L’hydroélectricité devrait afficher un TCAC de 4,1 %. »

Selon l’Agence internationale de l’énergie, si tous les pays engagés pour le climat et la consommation durable de l’énergie suivent leurs bonnes résolutions, d’ici 2030, le marché de la CleanTech fabriqué en masse pourrait atteindre 650 milliards de dollars américains.

Pour en savoir plus sur les défis de recrutement dans le secteur des technologies, consulté le dossier qui s’y consacre, propulsé par Mitacs, sur CScience :

Dossier : Les défis de recrutement dans le secteur des technologies

Crédit Image à la Une : CAPSolar conçoit des panneaux solaires adaptés à l’industrie du transport électrique. (Courtoisie : Mitacs)