Une immense galaxie vient d’être découverte grâce au télescope James Webb, et plus particulièrement son instrument NIRCam. Décrite comme ayant des allures de « monstre », elle suscite de vives réactions sur les réseaux sociaux, générant un engouement auprès de ceux qui tentent de la représenter artistiquement. Mais c’est surtout ce qu’elle incarne sur le plan scientifique qui a pour effet de déstabiliser.
Rappelons que le télescope James Webb (JWST), développé par la NASA, est entré dans une phase opérationnelle en juillet 2022. Depuis, il permet aux chercheurs et astronomes de faire diverses découvertes, qui remettent en question certains principes scientifiques quant à la formation des galaxies. La plus récente est celle d’il y a quelques jours, que l’on doit à son instrument NIRCam.
Télescope James Webb : une découverte qui déstabilise les scientifiques
La galaxie « AzTECC71 »
Développé par une équipe de l’université de l’Arizona et le Centre de technologie avancée de Lockheed Martin, NIRCam constitue l’un des quatre instruments du JWST. Il s’agit de son principal atout permettant d’obtenir des images dans le proche infrarouge (0,6 à 5 µm), de sorte à garantir la visibilité de régions de l’espace autrement masquées par la poussière interstellaire, et de mieux percevoir les jeunes exoplanètes et leur atmosphère, en plus de permettre l’analyse de poussières chaudes et de gaz moléculaires à partir desquels se forment les corps planétaires.
NIRCam a ainsi permis aux astronomes de la collaboration COSMOS-WEB d’identifier la galaxie baptisée AzTECC71, qui a toujours été invisible pour le prédécesseur du JWST, soit le télescope Hubble. C’est notamment en croisant leurs recherches avec les données collectées par une autre équipe qui utilisait le télescope ALMA, au Chili, que l’équipe du collectif COSMOS-Web a pu identifier l’objet, de la forme d’une goutte lumineuse, précisant l’emplacement de sa source.
« Jusqu’à présent, la seule façon dont nous avons pu observer les galaxies dans l’univers primitif est d’un point de vue optique avec Hubble. Cela signifie que notre compréhension de l’histoire de l’évolution des galaxies est biaisée car nous ne voyons que les galaxies non obscurcies et moins poussiéreuses. »
– Jed McKinney, chercheur de l’Université du Texas et membre de l’équipe COSMOS-Web
Les images récemment générées d’AzTECC71 montrent la galaxie telle qu’elle était environ 900 millions d’années après le Big Bang. Recouverte de poussière, l’aspect de l’objet s’apparente à celui d’un visage aux traits monstrueux. « Cette chose est un véritable monstre ! », commente Jed McKinney, l’un des chercheurs, dans un communiqué de presse. « Même si cela ressemble à une sorte de petite tache, elle forme en réalité des centaines de nouvelles étoiles chaque année. Et le fait que quelque chose d’aussi extrême soit à peine visible dans l’imagerie la plus sensible de notre tout nouveau télescope m’enthousiasme énormément. Cela nous indique potentiellement que toute une population de galaxies nous est cachée. »
Cette théorie déstabilise aujourd’hui le monde de l’astronomie, puisqu’elle fragilise les fondements et certitudes sur lesquelles reposait jusqu’alors notre conception de l’univers primitif.
« Jusqu’à présent, la seule façon dont nous avons pu observer les galaxies dans l’univers primitif est d’un point de vue optique avec Hubble, a déclaré McKinney. Cela signifie que notre compréhension de l’histoire de l’évolution des galaxies est biaisée car nous ne voyons que les galaxies non obscurcies et moins poussiéreuses. »
Fascinant les internautes, la galaxie fait aussi l’objet de diverses illustrations artistiques qui circulent sur le web, dont celle publiée sur scitechdaily.com et relayée dans plusieurs médias, donnant froid dans le dos.
Crédit Image à la Une : À gauche : J. McKinney/M. Franco/C. Casey/University of Texas at Austin. À droite : illustration de scitechdaily.com
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