Une application qui détecte la douleur de votre chat

Une application qui détecte la douleur de votre chat

Une application conçue par des chercheurs de l’Université de Montréal (UdeM) est en mesure d’évaluer la douleur ressentie par votre chat, une tâche ardue même pour les vétérinaires chevronnés.

Le Dr Paulo Steagall, professeur d’anesthésie et de gestion de la douleur au Département de sciences cliniques de la Faculté de médecine vétérinaire de l’UdeM, et sa collègue, Dre Beatriz Monteiro, conseillère en recherche nature et vie, ont mis au point la Feline Grimace Scale, une échelle de douleur basée sur la détection des images.

Depuis 2017, le professeur Steagall participe à des études afin de mesurer s’il est possible pour une machine d’évaluer correctement si un chat perçoit la douleur ou non.

Les « méthodes de quantification des changements d’expression, en se concentrant sur les distances linéaires entre des repères faciaux spécifiques [par exemple, les distances entre les oreilles et le museau] ont permis de faire la distinction entre les animaux éprouvant de la douleur et ceux qui n’en ressentent pas », explique-t-on dans un article scientifique, publié en 2019.

L’échelle conçue a alors démontré une grande efficacité dans la détection de la douleur ressentie par une cinquante de chats, tandis que vingt autres félins étaient en bonne santé.

En examinant la position des oreilles, le resserrement orbital, la tension du museau, la position de la tête, entre autres, l’application « est un outil valide et fiable pour l’évaluation de la douleur aiguë chez les chats », selon les auteurs de l’étude.

DIFFICILE À ÉVALUER

Bien qu’elle soit disponible au grand public, par téléchargement, cette innovation se veut tout d’abord un outil destiné aux vétérinaires à des fins d’utilisation clinique.

Même pour les professionnels des soins animaliers, savoir discerner lorsqu’un chat ressent de la douleur aiguë est un défi, selon le Dr Steagall.

« C’est très difficile à reconnaître chez les chats, car ils n’expriment pas leur inconfort d’une façon qui est aisément perceptible pour les humains, contrairement aux chiens par exemple. C’est sans doute pour des raisons évolutives ; les chiens ont été domestiqués par l’humain depuis plus longtemps que les chats et nous savons reconnaître leurs expressions. Chez les chats, c’est plus subtil, donc même les vétérinaires doivent compter sur leur expérience pour évaluer si l’animal est en douleur », explique le professeur.

L’échelle de douleur qu’il a mise au point avec ses collègues n’est pas la première en son genre, pourtant ces outils d’évaluation sont encore sous-utilisés dans un contexte clinique, d’après le vétérinaire.

Selon ses estimations, à peu près 15 % des cliniques vétérinaires font appel à ce genre de technologie.

« Même avec des échelles validées, c’est peu appliqué en clinique », confie-t-il.

C’est pourquoi ce dernier espère que sa collaboration avec les entreprises Zoetis et Vertisoft lui permettra d’affiner la Feline Grimace Scale et même d’y intégrer un modèle d’intelligence artificielle qui assurerait une automatisation du procédé.

« Depuis le début de l’étude, j’ai accumulé l’équivalent de près de cinq ou six années d’images de chats. Avec l’apprentissage profond, cela permettrait d’améliorer l’annotation de l’échelle », anticipe le Dr Steagall.

Crédit photo : Pexels / Japheth Mast