Technologies et éducation : De nouveaux enjeux à l’horizon

Technologies et éducation : De nouveaux enjeux à l’horizon

L’arrivée de nouvelles technologies provoque des bouleversements dans notre société, notamment dans l’univers de l’éducation et du marché du travail. Inclusivité, accessibilité, pédagogie: c’est un véritable changement de paradigme qui s’annonce prochainement dans les établissements scolaires et d’études supérieures au Québec. Portrait de la situation en trois enjeux.

OUVRIR LA PORTE DES SCIENCES

La présence des femmes dans les programmes scolaires en technologies laisse encore à désirer, si l’on en croit un rapport mené par le Conseil supérieur de l’éducation.

La présidente de l’organisme gouvernemental, Maryse Lassonde, a présenté un état des lieux à ce sujet lors des Journées du numérique en enseignement supérieur qui se tenait le 2 novembre.

« Les statistiques démontrent qu’il y a encore très peu de femmes qui se retrouvent dans les domaines des sciences naturelles et en génie », souligne-t-elle.

En effet, dans l’ensemble des universités au Québec pour l’année 2017-2018, on retrouvait seulement  21 % de femmes au baccalauréat en génie, 27 % à la maîtrise et 26 % au doctorat. La situation était comparable en informatique, où c’était un maigre 17 % des rangs étudiants qui étaient garnis par les femmes au baccalauréat, tandis qu’on en dénombrait 23 % à la maîtrise et 21 % au doctorat.

La gent féminine représente moins de 20% des travailleurs dans les professions du numérique au Québec, rapporte Mme Lassonde.

« Malgré les efforts qui ont été faits durant les dernières années pour attirer les filles dans ces sphères, les perceptions et les préjugés leur restent défavorables. Il faudra encore beaucoup de travail pour changer les préconçus et convaincre les jeunes étudiantes qu’elles peuvent réussir aussi bien que les garçons dans ces domaines », affirme la présidente du  Conseil supérieur de l’éducation.

CRÉER DES LABORATOIRES DANS LES ÉCOLES

Les laboratoires créatifs, communément appelés « espaces maker » ont fait leur apparition un peu partout au Québec dans le domaine public, mais aussi dans les établissements scolaires.

Ces lieux où l’on peut bidouiller avec des imprimantes 3D, la réalité virtuelle ou la robotique offrent la possibilité d’apprendre des compétences transversales, selon Normand Roy, Professeur agrégé à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal.

« Ça permet un apprentissage pratique, orienté sur la créativité et la résolution de problèmes. C’est un modèle qui pourrait venir remplacer le laboratoire d’informatique traditionnel, avec les rangées d’ordinateurs », insiste M. Roy.

Or, pour assurer une véritable accessibilité à ce genre d’installations dans les établissements scolaires, il faudra penser à l’aspect matériel, mais aussi pédagogique.

Présentement, les étudiants au programme d’enseignement secondaire n’ont que très peu d’heures de cours portant sur les technologies, « à peine trois crédits », indique l’expert.

Ce sont donc souvent des professeurs de français, de mathématiques ou d’un autre sujet non connexe qui se voient décernés la supervision de ces laboratoires créatifs.

« Dans les prochaines années, mon équipe de recherche et moi allons nous pencher sur cet enjeu pour voir comment on peut améliorer l’accès aux espaces maker, mais aussi la formation des professeurs secondaires et collégiaux qui s’en occupent », explique-t-il.

LA FORMATION À DISTANCE: UN ENJEU ÉTHIQUE

La pandémie de COVID-19 aura fait goûter à l’ensemble de la population étudiante des cycles postsecondaires l’expérience de l’apprentissage à distance.

Certains problèmes ont ainsi été mis en lumière par cette situation, constatent les représentants des fédérations et unions étudiantes.

« Il y a beaucoup de stress et de fatigue liés à l’enseignement à distance, en plus d’enjeux de vie privée causés surtout par les logiciels de télésurveillance imposés aux étudiants lors d’examens afin de contrer la tricherie », indique Hadrien Chénier-Marais, président de la Fédération des associations étudiantes universitaires québécoises en éducation permanente.

En effet, la Direction de la Santé publique de Montréal constatait récemment que dans la métropole « 46 % des jeunes âgés de 18 et 24 ans rapportent des symptômes compatibles avec l’anxiété généralisée ou la dépression majeure » dans le contexte de la pandémie.

Sa collègue, Jade Marcil, présidente de l’Union étudiante du Québec, souligne pour sa part les iniquités en matière d’accès à un service internet haute vitesse, qui devient de plus en plus un service essentiel pour les étudiants à distance.

« Il y a eu des cas où des étudiants ont été coulés parce qu’ils ont quitté la vidéoconférence de leur examen afin de pouvoir télécharger un document. Ceux qui se trouvent en région n’ont parfois pas assez de bande passante pour faire ce qui est nécessaire pour suivre leur cours », affirme Mme Marcil.

Les représentants étudiants militent pour une plus grande flexibilité quant au choix de suivre les cours en différé ou en direct, pour l’établissement d’espaces de discussions hors cours avec les professeurs et les autres étudiants, ainsi que pour la possibilité de mettre en place des outils anti-triche qui respectent la vie privée des étudiants.