Un robot québécois bouscule le commerce en ligne

Un robot québécois bouscule le commerce en ligne

Implantée dans une dizaine de pays et sur 4 continents, Heyday, une plateforme de conversation utilisant l’intelligence artificielle est en train de révolutionner le commerce en ligne.

En plein vendredi fou ou Black Friday, il est possible que déjà les lecteurs de CScience IA ont recours aux robots d’Heyday s’ils magasinent en ligne chez Oberson, Simons, Decathlon ou Le Garage (Dynamite).  

Heyday est en réalité un assistant virtuel qui est disponible 24 heures sur 24. Ce robot répond aisément à une pléiade de questions les plus couramment posées comme sur les heures d’ouverture.  

Autrement dit, les employés en magasin peuvent se concentrer sur la vente de produits au lieu de répondre aux questions répétitives.  

« Notre travail est de permettre à un détaillant de faire plus de ventes grâce aux canaux numériques », explique Steve Desjarlais, co-fondateur et président de l’entreprise montréalaise dont les robots sont capables de parler directement à la clientèle en ligne, soit en français, anglais, espagnol et même en indonésien. 

M. Desjarlais estime que son entreprise encourage l’achat local et fait en quelque sorte un pied de nez au géant américain Amazon. Dès que les robots détectent qu’un consommateur est à la recherche d’un produit en magasin, un lien se créé entre le vendeur (un humain) et le consommateur assis derrière son écran.  « Les détaillants qui ont des magasins et des vendeurs ont un avantage immense sur Amazon qui n’est qu’un gros catalogue de livraison de colis », image le président d’Heyday.  

Forte croissance  

En pleine pandémie, l’entreprise montréalaise fait face à un défi de taille : sa croissance au plan international.  

La veille de l’entrevue,  M. Desjarlais signait un nouveau contrat avec une entreprise située en Algérie. Le mois dernier, son équipe de 52 employés a été particulièrement sollicitée en France. « Notre plateforme a aidé les détaillants à vendre leurs produits en raison de la fermeture des magasins là-bas», ajoute l’ingénieur de formation de 44 ans.   

«Notre travail est de permettre à un détaillant de faire plus de ventes grâce aux canaux numériques.»– Steve Desjarlais

JUMELER INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET GAMING

Son équipe a jumelé ces deux axes pour créer une expérience plaisante pour le client. Le produit final a demandé un an de recherche et développement. Au début, bien des clients lui répondaient: « J’en ai assez à gérer mes courriels et mes appels téléphoniques. »  

Un client comme DAVIDsTEA a toutefois réalisé que la solution IA conversationnelle d’Heyday lui a permis de réduire de 30 % la gestion de ses appels et courriels en un seul mois. D’autres ont vu une augmentation de leurs ventes en ligne.  

SA MOTIVATION

Heyday est né grâce au génie en marketing d’Étienne Mérineau, aujourd’hui âgé de 32 ans et des trois autres partenaires dont M. Desjarlais et David Bordealeau (anciennement chez Ubisoft) et Hughes Rousseau 48 ans qui travaillait chez Matrox.  

«On a une équipe exceptionnelle, confie-t-il. J’ai trouvé les bons partenaires pour partir en affaires et nous sommes extrêmement complémentaires. Déjà, on avait fait un bout de chemin ensemble et on connaissait nos forces et faiblesses. » 

S’INSPIRER DES CHINOIS 

En entrevue avec CScience IA, Steve Desjarlais parle de l’importance d’innover en affaires. « L’innovation, c’est de sortir de sa zone de confort, observe-t-il. C’est de s’inspirer de ce qui se passe ailleurs dans le monde. Nous nous sommes inspirés de ce qui se fait en Chine et des nouvelles capacités technologiques pour bâtir une expérience nouvelle et emmener une solution qui répond aux besoins des détaillants. »  

De leur côté, si les consommateurs apprécient leur expérience en ligne, ils auront le réflexe d’y retourner plus souvent.  

Après seulement trois ans d’existenceHeyday a créé des partenariats importants avec Google, Shopify et Panier Bleu. La pandémie accélère aussi la transformation numérique de commerces ayant pignon sur rue. « On a pris leur plan prévu pour les 10 prochaines années et on l’a réalisé en 10 mois », commente M. Desjarlais.  

D’autres commerçants qui ont négligé l’aménagement de structures digitales sont au bord du gouffre à l’heure actuelle. À la sortie de l’actuelle crise, M. Desjarlais prévoit que les détaillants qui n’auront pas entrepris ce virage numérique sont susceptibles de fermer leurs portes d’ici les 5 prochaines années.  

UN CHIFFRE

46 %  

Seulement 46 % des PME au Canada prévoient vendre leurs produits ou services sur Internet quand la pandémie sera terminée.  

Source: BDC (Banque de développement du Canada)