Des algorithmes comme méthode de contraception

Des algorithmes comme méthode de contraception

Un couple de Montréalais a inventé Eli. Un nouvel outil qui permet aux femmes de connaître très précisément leurs niveaux d’hormones, et donc de prendre le contrôle de leur santé sexuelle et reproductive, sans avoir recours aux moyens de contraception traditionnels.

« Quand on a décidé de fonder notre entreprise, beaucoup de femmes cherchaient de meilleures méthodes de contraception » nous explique Marina Pavlovic Rivas, qui a fondé et qui dirige Eli avec son compagnon, Thomas Cortina. 

Face à la pilule contraceptive – potentiellement responsable d’effets secondaires – ou au stérilet – qui nécessite une intervention médicale -, le couple a  décidé de lancer ce nouvel outil, doté d’intelligence artificielle, pour mesurer le plus précisément possible les fluctuations d’hormones des femmes au cours de leurs cycles ovarien et menstruel.

« Très rapidement on s’est rendu compte qu’à partir du moment où on est capable de mesurer les niveaux d’hormones, on peut aller bien au-delà de la contraception. Donc maintenant, notre mission c’est d’être présent à toutes les étapes de la vie d’une femme, incluant la fertilité », ajoute l’entrepreneure montréalaise. 

COMMENT ÇA FONCTIONNE ?

Eli, c’est un petit appareil qu’on utilise à la maison, qui est combiné à des cartouches et à une application mobile. « On place une des cartouches quelques secondes sur la langue, On place ensuite la cartouche dans l’appareil et après quelques minutes d’attente, on reçoit les résultats sur son cellulaire via l’application », précise Marina Pavlovic Rivas.

Un algorithme détecte d’abord les niveaux d’hormones des utilisatrices. Mais une même mesure hormonale ne signifie pas forcément la même chose pour toutes les femmes. Donc un autre algorithme, en collectant ces données, est chargé d’établir le profil de la personne, puis découvre ses propres modèles, pour pouvoir lui faire des recommandations personnalisées.

Plus l’utilisatrice utilise Eli, plus l’algorithme est en mesure de donner des fenêtres précises, en fonction des souhaits de l’utilisatrice.

« Le but de notre compagnie, c’est vraiment d’être là à toutes les étapes de la vie d’une femmes, c’est notre mission » – Marina Pavlovic Rivas, cofondatrice et coprésidente de Eli

Depuis quelques années, de nombreuses applications mobiles, comme Clue, Flo ou encore Glow, font la même promesse qu’Eli. C’est-à-dire suivre jour après jour son cycle menstruel et son cycle d’ovulation. « Mais ces applications sont uniquement basées sur les dates des menstruations. Cela reste une estimation, et ce n’est donc jamais très fiable » nous explique la cofondatrice d’Eli, « notamment parce qu’aujourd’hui, on estime que la moitié des femmes ont des cycles irréguliers. Et ce n’est pas parce qu’on a des menstruations régulières qu’on a des ovulations régulières. Pour précisément connaître le moment de l’ovulation, il faut soit mesurer les niveaux d’hormones, soit mesurer les variables liées aux fluctuations d’hormones ».

PRÉVENIR DES MALADIES

Les créateurs d’Eli, se sont également rendu compte que grâce à la précision des données recueillies par leur appareil, ce dernier pouvait avoir d’autres bénéfices, liés à la santé des femmes. Ce sont par exemple les fluctuations hormonales qui déclenchent la ménopause. Eli pourrait donc permettre à une femme de déterminer vers quel âge elle sera ménopausée. « Dans certains cas, un niveau d’œstrogènes trop bas, peut aussi être lié à des maladies cardiaques ou même à de la démence », détaille Marina Pavlovic Rivas. « Grâce à Eli, on peut être en mesure de savoir cela très tôt et de faire de la prévention ».

Toujours en phase de test, Eli pourrait donc devenir bien plus qu’une aide à la contraception des femmes. « Le but de notre compagnie, c’est vraiment d’être là à toutes les étapes de la vie d’une femmes, c’est notre mission », conclut la CEO de Eli, qui espère une mise sur le marché avant la fin de l’année.