IA, dis-moi comment être la plus belle ?

IA, dis-moi comment être la plus belle ?

Fabriquer des soins du visage ultrapersonnalisés, dont la formule est unique à chaque client, c’est la promesse d’Omy Laboratoires, grâce à l’aide de l’IA.

Rachelle Seguin et son associée Andrea Gomez sont les deux fondatrices de cette nouvelle marque de soins, dont la mission est de créer et fabriquer des produits pour la peau sur mesure, formulés à 95 % d’ingrédients naturels.

« Quand on a lancé Omy il y a deux ans et demi, on savait qu’il était difficile pour les gens de savoir exactement quels étaient leurs besoins de peau », raconte Rachelle Seguin. Nous nous sommes alors interrogées sur la manière de les guider dans la création d’un produit alors qu’il existe des milliers de possibilités sur le marché. Il existait forcément un outil qui  nous permettrait de conseiller aussi bien qu’un humain puisse le faire ».

C’est là que les deux jeunes femmes se tournent vers l’IA pour faire naître SkinIA. 

À l’aide d’une technologie d’analyse cutanée 3D que les clients retrouvent en ligne sur leur site, « nous pouvons offrir le meilleur produit, la formule idéale, sur mesure, pour chaque personne », promet la cofondatrice. 

Comment ça fonctionne ? 

Le client fournit une photo de son visage et l’IA va la scanner pour établir un diagnostic précis de sa peau et de ses besoins. 

Pour se faire, Omy regroupe des spécialistes, notamment dans l’analyse du visage. « On a fait travailler, ensemble, des dermatologues et des spécialistes en IA. On a construit une base de données pour pouvoir analyser la peau d’un client avec une photo, associé à un formulaire de quelques questions ».

Avec cette technologie, la jeune femme assure, « il y a une chance sur 4000 d’avoir le même diagnostic que quelqu’un d’autre ».

Pourquoi l’IA ? 

Pour Rachelle Seguin, il n’y avait pas d’autres alternatives à l’intelligence artificielle dans la création de produits entièrement personnalisables. « Ça nous aurait demandé une personne qui parle à chaque client, qui le questionne et demande des photos de son visage. Avant d’arriver au résultat que l’on a aujourd’hui, ça aurait été vraiment long, et ça aurait coûté vraiment très cher ». 

Pionnières dans cette industrie, les deux jeunes femmes sont fières.

« On a été plus rapide que les L’Oréal et tous les autres de ce monde. Je suis assez fière que cette idée parte du Québec ! » – Rachelle Seguin, cofondatrice d’Omy Laboratoire

Et les données clients ? 

« On ne conserve pas les photos des clients », précise la jeune femme. 

Pour construire son algorithme, Omy a travaillé avec des banques de photos externes, des milliers de photos de dermatologues. « Des photos sous différents éclairages, avec une analyse au niveau des rougeurs, des pores, des rides et des tâches. Une fois qu’on a eu les résultats photo par photo, on a été capable de les rentrer dans SkinIA ».

La suite se fait grâce aux données de satisfaction, aux données des questionnaires clients. « C’est ce type de données que l’on va utiliser, autres que des données de photos qu’on préfère ne pas conserver pour le risque que ça comporte pour le client ». 

Un diagnostic 100% précis ? 

« C’est faux de dire qu’une photo va déterminer à 100% comment est notre peau », souligne Rachelle Seguin. « Je vois arriver des compagnies sur le marché qui disent, on analyse des microbiomes juste à partir de photos. Je suis désolée, mais on ne voit pas des bactéries sur le visage avec une photo. Il y a des choses qu’une photo ne sera jamais capable de voir, comme la déshydratation, les allergies, etc. C’est pourquoi notre IA ne se limite pas juste à la photo du visage d’un client, qu’on se base également sur les questionnaires clients et les enquêtes de satisfaction ». Et il va toujours y avoir un humain derrière qui valide chaque crème ».

La suite donc, Rachelle Seguin en est convaincue, « il va falloir d’autres outils ». De l’IA à la maison, avec des outils connectés.

Un constat partagé par Karine Joncas, fondatrice de la marque éponyme de dermocosmétique qui connaît bien l’application utilisée par Omy. « Ce qui est certain pour ma part, c’est que des plateformes comme SkinIA sont intéressantes pour faire une analyse préliminaire de la peau ».

« Cela peut être une aide complémentaire au travail d’une cosméticienne, par exemple. Mais est-ce ce que cela peut remplacer totalement l’humain ? Ça, je ne sais pas…» – Karine Joncas, fondatrice de la marque éponyme

 « En tant que créatrice de soins, est-ce que j’irais à 100% sur des diagnostics faits par cette application ? Pour le moment, nous sommes toujours en réflexion, mais nous ne sommes pas fermés », souligne-t-elle.

À ce jour, Omy compte plus de 30.000 clients et son chiffre d’affaires explose d’année en année. 

Présentement abritée par l’Université Laval, la jeune pousse prévoit même d’ouvrir sa propre usine avant la fin de l’année.

Rachelle Seguin (à gauche) et son associée Andrea Gomez étaient toutes deux étudiantes lorsqu’elles ont lancé Omy Laboratoires : “On avait deux petits chars, nous sommes allées chercher des bourses, des prêts. Et maintenant, les banquiers se battent pour être avec nous !”