L’IA pour prédire le risque de suicide chez les étudiants

L’IA pour prédire le risque de suicide chez les étudiants

En faisant appel à l’intelligence artificielle (IA), des chercheurs québécois et français ont identifié des indicateurs de santé mentale qui prédisent les comportements suicidaires chez les étudiants. Un tel outil pourrait s’avérer particulièrement utile dans le contexte de la pandémie, qui a eu des impacts plus que délétères sur la santé mentale des jeunes.

L’équipe de scientifiques, dont fait partie Sylvana Côté, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal (UdeM) et chercheuse au CHU Sainte-Justine, a récemment fait paraître les résultats de leurs travaux dans la revue Scientific Reports.

Mme Côté et ses collègues de l’Université McGill et de l’Université de Bordeaux, ont conçu un algorithme permettant de cibler de façon précise les principaux facteurs prédictifs du risque suicidaire dans les communautés étudiantes.

Ainsi, les pensées suicidaires, l’anxiété, les symptômes dépressifs et l’estime de soi sont les quatre plus importantes variables cernées par l’IA parmi 70 facteurs analysés pour anticiper le risque de comportements suicidaires.

DÉCOUVERTE SURPRENANTE

La découverte de la dernière variable, l’estime de soi, fut une surprise pour les chercheurs.

« Nous ne nous attendions pas à ce que l’estime de soi se démarque, confie Sylvana Côté. C’est une variable très corrélée avec la dépression qui était davantage utilisée en santé mentale dans les années 70 et 80. Mais quand on s’y arrête, on réalise qu’il s’agit d’une variable intéressante, puisqu’elle n’est pas pathologique. »

« Les gens ont souvent moins de réticence à exprimer qu’ils ont une faible estime d’eux-mêmes, plutôt qu’à admettre qu’ils sont déprimés ou anxieux, des facteurs considérés comme plus stigmatisants » – Sylvana Côté, professeure à l’École de santé publique de l’UdeM

Malgré ce résultat inattendu, l’algorithme développé s’est avéré plus qu’efficace, selon l’étude publiée.

En effet, après s’être appuyés sur l’analyse de données recueillies auprès de plus de 5000 étudiantes et étudiants français suivis sur une période d’un an, les chercheurs ont été en mesure de détecter environ 80 % des comportements suicidaires grâce à l’IA.

Avec l’accroissement du sentiment d’isolement, les anxiétés de performance et le stress ajouté sur les épaules de jeunes durant la pandémie, un tel outil prédictif pourrait être très utile pour traiter les problèmes de santé mentale chez les étudiants.

Effectivement, les jeunes Québécois éprouvent de plus en plus de difficultés à ce niveau depuis la dernière année.

En février dernier, un rapport de Statistique Canada indiquait que seuls 39,7 % des 15 à 30 ans disaient avoir une excellente ou une très bonne santé mentale, soit une baisse de 20 points de pourcentage par rapport à ce qui avait été constaté en 2019.

Pis encore, un autre sondage de l’organisme gouvernemental souligne que 60 % des jeunes de 15 à 34 ans ont rapporté une détérioration de leur santé mentale depuis le début de la pandémie.

Crédit photo : Pexels / Andrea Piacquadio