Deux études placent le Québec à l’avant-garde mondiale de l’IA

Deux études placent le Québec à l’avant-garde mondiale de l’IA

Selon deux études rendues publiques ce mercredi par l’organisme Forum IA Québec, notre province se classerait au 7e rang des nations les plus performantes au monde dans le domaine de l’IA.

Un Québec performant en IA et qui verrait déjà des retombées économiques significatives grâce à l’intelligence artificielle, c’est ce que révèlent deux études réalisées à l’automne dernier par la firme britannique spécialisée dans le domaine, Tortoise Media, et le bureau montréalais de la société d’experts-conseils PwC Canada pour le compte de l’organisme à but non lucratif voué au renforcement de l’écosystème québécois de l’IA, Forum IA Québec.

« Nous avons maintenant la preuve concrète, grâce aux travaux de Tortoise et de PwC Canada, que les efforts importants entrepris par les gouvernements et l’entreprise privée pour faire du Québec une puissance mondiale en IA ont porté fruit », selon la PDG de Forum IA Québec, Marie-Paule Jeansonne.

Mais elle reconnaît également qu’il reste encore « beaucoup à faire » dans le domaine. Notamment pour nous assurer d’utiliser l’IA comme levier de développement économique et social. 

LE QUÉBEC DANS LE TOP 10

Selon le palmarès composé de 143 indicateurs établis par la firme Tortoise Média, le Québec se classerait au 7e rang des nations les plus performantes au monde dans le domaine de l’IA.

Le Québec devancerait ainsi la France et l’Israël, et talonnerait la Corée du Sud et l’Allemagne, malgré son plus petit poids démographique. Une place enviable qui témoignerait, selon Forum IA Québec, de la contribution de notre province au positionnement du Canada, qui se hisse au 4e rang mondial.

« C’est à la fois une reconnaissance du travail accompli et un encouragement à poursuivre nos efforts pour nous assurer de pouvoir utiliser l’IA comme levier de développement économique et social. » – Marie-Paule Jeansonne, PDG de Forum IA Québec

L’analyse des critères utilisés par Tortoise mettrait en évidence que le Québec se distinguerait particulièrement dans la recherche fondamentale et appliquée, en se classant 5e au monde, dans la stratégie gouvernementale en matière d’IA (6e au monde), et dans la création et le financement d’entreprises en IA (7e au monde).

Mais cette étude montre aussi que le Québec gagnerait à apporter des changements à son environnement opérationnel pour devenir plus concurrentiel en IA, notamment dans la rapidité de traitement des visas pour les travailleurs qualifiés, et à renforcer ses infrastructures, pour ce qui a trait en particulier au nombre de superordinateurs à la disposition des chercheurs.

DES RETOMBÉES POSITIVES POUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

Selon les données d’une autre étude menée par PwC Canada, les investissements en IA auraient d’ores et déjà eu des effets marqués sur l’économie québécoise.

L’étude enregistre en effet une augmentation du PIB de 1,9 G$ entre 2017 et 2021, qui résulterait du soutien financier apporté à la recherche et aux entreprises en IA. La firme conseil pointe en particulier les 800 M$ déjà investis par le gouvernement du Québec et par le gouvernement fédéral, alors que 1,5 G$ ont été investis en capital de risque sur la même période.

Un tel investissement des pouvoirs publiques et du privé aurait, toujours selon cette étude, permis de soutenir une moyenne de plus de 3000 emplois très bien rémunérés par année, et de générer plus de 400 M$ en recettes fiscales sur la période.

A ce jour, le Québec compterait près de 45 000 professionnels en intelligence numérique et plus de 600 organisations offrant des produits ou des services propulsés par l’IA, dont plus de 225 start-ups, sans compter la multiplicité des acteurs spécialisés en IA voués à accompagner les entreprises à toutes les étapes de leur croissance et de leurs projets en IA. 

« Nous avons certainement été surpris de constater que le Québec dépasse largement son poids démographique dans de nombreuses catégories.» – Alexandra Mousavizadeh, associée chez Tortoise Média

UNE DYNAMIQUE CONTESTÉE

L’étude de PwC Canada tend à montrer que l’IA pourrait avoir des impacts positifs importants ces prochaines années dans des secteurs névralgiques comme la santé et le manufacturier. Les résultats de l’étude montrent en effet que, selon un scénario où l’IA serait adoptée de façon marquée au Québec, on observerait une hausse importante de la productivité des organisations et, ce faisant, du PIB québécois, ce qui constituerait un levier important dans une contexte marqué par la pénurie de main-d’œuvre.

Cependant des critiques se font de plus en plus entendre pour contester le bien-fondé des investissements publics massifs injectés dans le secteur depuis des années. Un récent article du quotidien Le Devoir titrait même que “la stratégie québécoise en intelligence artificielle est un échec”

Une contestation notamment alimentée par certains chercheurs, dont le sociologue Eric N. Duhaime, qui estime que notre province est doublement victime d’un déficit de brevets et d’une fuite des entreprises émergentes. Un constat qu’appuie l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC), selon qui ce seraient avant tout les entreprises étrangères qui bénéficieraient le plus de tout l’argent investi dans la recherche en IA depuis des années au Québec. 

Un sentiment prononcé depuis l’annonce très médiatisée en novembre 2020 de la vente du fleuron québécois en IA, Element AI, à la licorne américaine ServiceNow. Une transaction qui, à l’époque, avait fait réagir le directeur de publication de CScience IA, Philippe Régnoux, qui mettait alors en garde contre les risques de voir les compagnies étrangères “venir siphonner nos talents” formés avec l’argent des contribuables québécois.  

Le travail est donc loin d’être achevé, aux dires mêmes de l’organisme Forum IA Québec, selon qui nous devrons redoubler d’ardeur au cours des prochaines années pour nous assurer que les organisations de toutes tailles et de tous secteurs d’activités puissent réellement en tirer pleinement profit.

Crédit photo de Une : Université de Montréal

Sources : Forum IA Québec et Le Devoir