[RDV IA QC] : Les moments forts de la journée consacrée à l’IA en santé

[RDV IA QC] : Les moments forts de la journée consacrée à l’IA en santé

Les moments marquants de la journée du 6 avril 2022, avec la rédaction de CScience IA. Retrospective sur cette dernière journée du Rendez-vous IA Québec à travers nos comptes-rendus des conférences les plus marquantes.

Ce mercredi 6 avril, le Rendez-vous IA Québec, organisé en mode hybride par Québec International, dans le cadre de la Semaine NumériQC, faisait la part belle aux innovations en santé.

En direct, notre journaliste Patricia Gautrin, a suivi pour nous les discussions et assuré un résumé des rencontres, de même que les annonces ou les déclarations les plus significatives de l’événement.

13h30 | INTÉGRER L’IA ET LES DONNÉES DANS LE RÉSEAU HOSPITALIER : DÉFIS, PERSPECTIVES, RETOURS D’EXPÉRIENCES

Cette conférence était partagée par quatre intervenants présentant leurs projets « santé et IA » et modérée par le représentant du partenaire d’affaires en IA : Coveo.

Les conférenciers ont pris le temps de démontrer, par des cas précis, à quoi servent les données dans le domaine de la santé et comment elles peuvent, ou non, améliorer à la fois la pratique et la recherche.

Rattraper le retard criant

Dr Alexis Turgeon, professeur titulaire à la faculté de médecine de l’Université Laval.

En comparant son intervention à celle donnée à la Semaine NumériQC de 2019, le Dr Alexis Turgeon, professeur titulaire à la faculté de médecine de l’Université Laval, constatait que « nous avons (au Québec) encore un retard important à rattraper. »

« De manière générale, les algorithmes COVID nous aident, mais, en bout de ligne, le système n’est pas fonctionnel, à cause du manque de personnel et de lits disponibles. Ces enjeux organisationnels ne seront pas réglés demain ! La gestion du changement en santé est donc très complexe », observa-t-il.

Créer plus de valeur

Pour remédier à cela et selon sa perspective, Kathy Malas, adjointe au président-directeur général du CHUM (Pôle Innovation et Intelligence artificielle), mentionna l’importance de « répertorier l’ensemble des projets en IA et en santé, afin de permettre plus de création de valeur. »

Kathy Malas, Pôle Innovation et Intelligence artificielle et adjointe au président-directeur général du CHUM.

Elle présenta donc La plateforme du Centre d’intégration et d’analyse en données médicales (CITADEL) du CHUM. « Ensuite, il est primordial », précisa-t-elle, de « suivre cette création de valeur, à travers les cycles de l’innovation et enfin de pérenniser les solutions gagnantes. »

« Les gens ont le goût d’innover », d’après elle, « mais ils ne savent pas par où commencer ni comment bien le faire. » La Déclaration de Montréal a mis en place des principes de base à respecter et « nous les avons concrétiser en créant le Guide d’innovation responsable en santé », ajouta-t-elle.

Aider à la prise de décision clinique

Sandie Cabon, ingénieure de Recherche, PhD, Laboratoire Traitement du Signal et de l’Image (LTSI) à l’Université de Rennes 1.

Pour sa part, Sandie Cabon, ingénieure de recherche (PhD) au Laboratoire Traitement du Signal et de l’Image (LTSI) à l’Université de Rennes 1, suggère une approche pratique et affirme qu’« il faut développer des solutions qui aident à la décision clinique, tout en respectant le RGPD, en Europe ou le Projet de loi 19, au Québec ».

Rappelons ici que le Projet de loi 19 vise à établir une Loi sur les renseignements de santé et de services sociaux, tout en modifiant diverses dispositions législatives existantes.

Sandie Cabon nous présenta alors son projet Digi-NewB qui vise à minimiser le risque de septicémie et aider à la maturation des nouveau-nés prématurés. Le système identifie une chaîne de pleurs de bébés, au moyen d’extraction de données et de comparaisons fondamentales.

Constat d’inefficacité face à la pandémie de COVID-19

Philippe Després, professeur de physique à l’Université Laval et physicien médical au CHU de Québec-Université Laval.

Malheureusement, comme le constatait Philippe Després, professeur de physique à l’Université Laval et physicien médical au CHU de Québec-Université Laval, « l’IA a été quasiment inutile pour nous aider à combattre la COVID, selon un rapport du MIT ». C’est un phénomène à tenir en compte !

Philippe Després agit comme conseiller en architecture des données pour le projet PULSAR à l’Université Laval et est co-responsable de l’axe santé durable de l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique (OBVIA). Il fait également partie du Conseil des chercheurs de l’Alliance de recherche numérique du Canada.

11h30 | OPAL ET LE CONSORTIUM QUÉBEC DE SOINS INTELLIGENTS

Exposée en anglais, la conférence visait à décrire les fonctionnalités d’un portail numérique québécois nommé Opal. Le portail est une infrastructure numérique qui se veut centrée sur le patient. Il a pour but de connecter entre eux les patients, les cliniciens et également les chercheurs en IA.

Tarek Hijal, radio-oncologue au Centre Universitaire de santé McGill (IR-CUSM)

Issu du Consortium Québec de soins intelligents, lui-même formé de partenaires publics et privés, le portail Opal a vu le jour grâce à un regroupement de joueurs clés et au partage des données.

Prenant sa source à travers les données recueillies en soins de santé, le portail est un outil à la fois pour les patients et pour les praticiens de la santé.

« Le portail Opal est une infrastructure numérique et de gouvernance robuste pour faciliter le partage des données en santé. »
John Kildea, Ph.D, Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM)

Par exemple, les données du CUSM et celles du CHU Ste-Justine sont mises en communs pour permettre de raffiner la recherche scientifique.

John Kildea, professeur adjoint, Physicien médical, Centre Universitaire de santé McGill (IR-CUSM)

Les conférenciers mentionnèrent tous deux l’importance de travailler avec des données anonymisées afin d’assurer la protection des renseignements personnels.

Le portail Opal prend la forme d’une application de téléphone intelligent pour les patients et d’un tableau de bord en direct pour les cliniciens. Il est actuellement utilisé au Centre du cancer des Cèdres du CUSM.

Pour les patients, c’est une aide au suivi des rendez-vous, une place pour voir leurs résultats de laboratoire et un lieu pour apprendre des notions de santé en lien avec leur situation.

10h45 | L’OEIL, UNE FENÊTRE POUR L’IA EN SANTÉ

La deuxième conférence de la journée portait sur les atouts de l’intelligence artificielle dans la compréhension et la prise en charge des maladies oculaires.

« L’imagerie de l’œil nous permet de prédire des crises cardiaques et même des AVC. » Patrick Sauvageau, président directeur général et co-fondateur de Zilia.

L’intelligence artificielle peut nous aider à mieux comprendre et mieux prendre en charge des conditions oculaires, neurologiques et systémiques.

Patrick Sauvageau présente sa solution Zilia Ocular.

L’imagerie de la rétine est de plus en plus améliorée par les nouvelles technologies. Elle renseigne sur le sexe du patient, son âge, s’il est fumeur ou non, elle nous donne sa pression artérielle et sa glycémie. Or, « on pense que ce n’est là que la pointe de l’iceberg », précisa Patrick Sauvageau.

La technologie de Zilia utilise la puissance de la lumière pour quantifier des biomarqueurs qui sont associés à des maladies oculaires, neurologiques et systémiques.

Zilia utilise des données métaboliques acquises en utilisant une lumière blanche de faible intensité. Puis, une fonction continue permet ensuite, l’évaluation en temps réel des réponses métaboliques de l’œil à divers stimuli.

Le processus de positionnement et l’autofocus sont automatisés afin d’améliorer le confort du sujet et la rapidité de la collecte de données.

8H50 | PNEUMOSCOPE: UN STÉTHOSCOPE INTELLIGENT POUR L’AIDE AU DIAGNOSTIC DES MALADIES PULMONAIRES

La première conférence se concentrait sur le besoin criant de nouveaux outils d’aide au diagnostic des maladies pulmonaires dû, entre autres, à la pandémie de COVID-19. Dans cette conférence, il était question de l’apport de l’intelligence artificielle dans le diagnostic et le pronostic des maladies respiratoires.

Alain Gervais montra qu’il est pertinent de revenir à des méthodes assez simples, comme le stéthoscope, mais aussi de les améliorer et de les rendre plus accessibles.

« L’expertise de l’auscultation avec le stéthoscope existe, mais peut être améliorée par l’intelligence artificielle. » Alain Gervaix, chef du département de la femme, de l’enfant et de l’adolescent, Hôpitaux Universitaires de Genève.

L’auscultation par stéthoscope consiste à identifier, à classer et à localiser les signatures acoustiques spécifiques. La solution fonctionne de la même manière qu’un Shazam du poumon.

Alain Gervais présente sa solution Pneumoscope: un stéthoscope intelligent pour l’aide au diagnostic des maladies pulmonaires.

Le Pneumoscope est un outil connecté, facile à utiliser et très accessible qui permet également au médecin de se rapprocher de son patient. L’outil identifie la fréquence respiratoire, détermine si les sons sont normaux ou pathologiques.

Si les sons respiratoires sont pathologiques, alors la solution permet de les classer en sifflements respiratoires, stridors, ou râles, en identifiant les spécificités. Elle émet également une stratification du risque (urgent ou non) et peut prédire l’évolution de la pathologie.

« Alors, que seulement 1 % de la population des pays du Sud ont accès aux tests de COVID, cet outil pourrait être distribué à grande échelle et servirait une plus large population », ajouta Alain Gervaix.

Crédit photo image en Une : Rendez-vous IA Québec