Un superordinateur quantique pour le Québec : le nouvel outil clé de la transformation numérique

Un superordinateur quantique pour le Québec : le nouvel outil clé de la transformation numérique

Le Québec aura accès à un ordinateur basé sur l’architecture Quantum System One d’IBM, le cinquième de ce type à être déployé dans le monde. Le gouvernement provincial souhaite que cet outil informatique quantique soit utilisé pour aider les entreprises de la province à faire leur transition numérique à des coûts plus bas, une situation qui pourrait changer la donne pour de nombreuses petites et moyennes entreprises (PME).

L’opérationnalisation de l’ordinateur a été confiée à la Plateforme d’innovation numérique et quantique du Québec (PINQ2), un organisme à but non lucratif, initié par l’Université de Sherbrooke et le ministère de l’Économie et de l’Innovation en 2020.

« Ce qu’on veut faire en quantique, c’est aller de l’électron jusqu’à l’ordinateur ». C’est par ces mots que le recteur de l’Université de Sherbrooke (UdeS), Pierre Cossette, a ouvert son discours, devant une assemblée de plusieurs dizaines de personnes, au Centech de Montréal. Parmi les invités présents pour assister à l’annonce, on comptait le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, de même que des chercheurs et acteurs multiples du monde universitaire, de la communauté des affaires et de diverses institutions gouvernementales.

La souveraineté des données

Pour l’instant, l’ordinateur quantique du Québec, qui est doté d’un processeur de 127 qubits, n’est pas encore en sol québécois, chose qui devrait être réglée d’ici la deuxième partie de 2023. En attendant son installation, prévue à Bromont, les entreprises québécoises et canadiennes qui feront affaire avec PINQ2 auront accès aux services d’un autre ordinateur quantique, situé aux États-Unis.

L’arrivée au Québec de l’ordinateur d’IBM implique notamment le fait de pouvoir stocker les données dans la province. Il s’agira donc du seul parmi les quatre modèles situés hors des États-Unis dont les données ne seront pas hébergées en sol américain.

Les utilisations concrètes du quantique

Durant l’événement au Centech, plusieurs intervenants ont eu l’opportunité de réagir à l’annonce en prenant part à une table ronde (panel de discussion), dont l’innovateur en chef du Québec, Luc Sirois. Ce dernier a choisi d’exposer les applications concrètes d’un tel outil de calcul quantique, prenant pour exemple quatre secteurs économiques clés.

Pour les technologies aéronautiques et aérospatiales, M. Sirois prévoit qu’utiliser des calculs quantiques permettrait de « simuler ces équipements dans le numérique, et donc, d’accélérer de façon phénoménale le développement, et cela peut amener le développement des aéronefs du futur ». Actuellement, les entreprises doivent produire les pièces physiquement pour réaliser ces calculs.

« L’avenir est dans la découverte de molécules. Et par la puissance de calculs, on peut arriver, avec l’aide de l’intelligence artificielle (…) à trouver les molécules qui vont amener aux traitements de demain. »

– Luc Sirois, Innovateur en chef du Québec

En ce qui a trait aux sciences de la vie, l’Innovateur estime que « L’avenir est dans la découverte de molécules. Et par la puissance de calculs, on peut arriver, avec l’aide de l’intelligence artificielle, à trier et trouver les molécules pertinentes, qui vont être les plus prometteuses pour sauter des étapes de validation clinique et arriver rapidement à trouver les molécules qui vont amener aux traitements de demain. »

Pour le secteur des jeux vidéo et du divertissement, les calculs permettront de créer des « modèles visuels 3D, en 8K, à 240Hz par seconde, avec une milliseconde de temps de réponse pour créer les réalités de demain dans des modèles qui nécessitent des calculs comme ça ».

Finalement, pour l’intelligence artificielle, « la puissance de calcul va permettre d’avoir les engins d’apprentissage profond qui pourront en temps réel nous étonner encore plus que Chat GPT », note M. Sirois.

60%, c’est le potentiel d’économies pour les entreprises profitant du quantique

– PINQ2

Des économies pour les entreprises

Questionné à savoir comment fonctionnent la plateforme PINQ2 et ses ressources, qui incluent notamment l’ordinateur quantique, le responsable du Développement affaires et stratégie de l’OBNL, Gael Humbert, indique en entrevue avec CScience qu’il s’agit « d’un guichet, une porte d’entrée qui accueille des entreprises qui se posent des questions sur l’innovation en général. Ces entreprises se disent, ‘il y a peut-être un problème, il faut peut-être que je fasse quelque chose parce que je sens qu’il va y avoir un changement à un moment donné. Je sens qu’il faut que je fasse quelque chose, mais je ne sais pas par où m’y prendre’ (…) C’est là que des spécialistes de PINQ2 entrent en jeu pour accompagner les entreprises passant par ce guichet à définir clairement un objectif atteignable. Ensuite, elles vont aller chercher, avec des spécialistes, la bonne technologie à aller actionner. »

En moyenne, PINQ2 indique que les économies peuvent atteindre 60% pour les entreprises profitant du quantique. Le chef des technologies de la plateforme, Alexis Gouslisty, indique qu’« il y a à peu près 40% des entreprises au Québec qui ont amorcé un virage numérique. Donc il y a beaucoup d’entrepreneurs qui se disent, ‘il faut que je le fasse, mais je n’ai pas le temps, je n’ai pas les compétences, les ressources manquent’. »

M. Gouslisty ajoute qu’alors, PINQ2 vient appuyer les entrepreneurs avec une infrastructure technologique qui teste leur technologie avec l’application quantique avant de la produire. « Avec l’infrastructure qu’on met, on peut vraiment s’assurer que l’innovation qu’ils espèrent faire fonctionne. On va donc retirer le risque lié à leur projet et après, ils peuvent le prendre en charge et procéder à l’innovation. »

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https://www.cscience.ca/2022/07/06/numana-lance-un-reseau-de-telecommunications-quantiques-ouvert/

Crédit Image à la Une : Gabriel Provost