Le Québec à l’international : une stratégie qui passe par l’innovation

Le Québec à l’international : une stratégie qui passe par l’innovation

Le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) tenait un déjeuner-causerie le 3 février en présence de la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Martine Biron. Pleins feux sur cet événement, qui permet de mieux comprendre comment l’innovation est un levier pour que le Québec puisse accéder au monde.

Ce rendez-vous organisé à l’hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth réunissait des dizaines de convives du milieu des affaires, mais également de différents organismes et organisations ayant des liens avec l’international. La ministre a notamment présenté la vision du gouvernement provincial de son développement des relations hors-Québec. « Je suis déterminée à faire rayonner le Québec dans le monde », a-t-elle déclaré d’entrée de jeu. « D’ici juin, j’aurai parcouru l’Europe, l’Asie, l’Afrique et les Amériques et dans tous ces pays et ces continents, je répéterai les grandes lignes de notre politique diplomatique, qui se décline en trois axes principaux : notre diplomatie économique, notre diplomatie d’influence et enfin, notre diplomatie identitaire. »

L’innovation, essentielle dans cette stratégie

Rémi Quirion. (Photo : Gabriel Provost)

À savoir quelle importance devrait occuper, à son avis, l’innovation dans cette stratégie du Québec à l’international, le président du Conseil du patronat du Québec, Karl Blackburn, indique à CScience que « 85% des futurs emplois d’ici 2030 ne sont même pas encore connus. Alors, l’innovation et la transformation numérique doivent être au cœur des actions gouvernementales et des entreprises. » Celui qui faisait également partie de la table des invités d’honneur du déjeuner-causerie ajoute que « l’augmentation des compétences de nos individus, de nos travailleurs et de nos dirigeants doit faire partie au quotidien des investissements des gouvernements, mais également des investissements du secteur privé. Si on veut continuer d’occuper une place de choix sur cet échiquier international que représente entre autres la francophonie, nous avons l’obligation de nous transformer, de faire que cette innovation et cette technologie nous propulsent vers le 22e siècle. »

« Nos amis Américains sont toujours là, nos amis Britanniques aussi, les Japonais, les Chinois… Le Québec, par contre, est petit. Si on veut que ça fonctionne hors de la province, il faut vraiment être présent, et pas y aller juste une fois, mais y aller à répétition. On ne dit pas ‘on a fait un voyage à Paris et c’est la fin’. Il faut vraiment bâtir sur le long terme. »

– Rémi Quirion, Scientifique en chef du Québec

Le scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion était également à la table d’honneur de la causerie. Il croit pour sa part que la province-autant du côté de ses entreprises et des chercheurs que du gouvernement- doit être davantage présente sur la scène internationale. « Nos amis Américains sont toujours là, nos amis Britanniques aussi, les Japonais, les Chinois… Le Québec, par contre, est petit. Si on veut que ça fonctionne hors de la province, il faut vraiment être présent, et pas y aller juste une fois, mais y aller à répétition. On ne dit pas ‘on a fait un voyage à Paris et c’est la fin’. Il faut vraiment bâtir sur le long terme. »

Il mentionne également qu’à travers la nouvelle Stratégie québécoise de recherche et d’innovation, un Trio de l’innovation a été créé. « On a moi, scientifique en chef, Luc Sirois, Innovateur en chef et ce qu’on a ajouté, qui est très important : Investissement Québec, en commercialisation. Pour faire beaucoup d’innovation, si on n’est pas capables de livrer la marchandise par la suite – par exemple, à une compagnie en Asie qui veut de votre produit, mais en 100 000 copies – c’est très important d’avoir ce cycle de l’innovation. Quand ça rapporte, on peut investir en recherche par la suite. »

Détails des trois axes de la politique internationale du Québec

Du côté économique, Mme Biron souligne que « le Québec est une société stable et démocratique, mais elle en est aussi une verte, innovante, aux ressources naturelles et stratégiques abondantes. Nous allons utiliser notre réseau à l’étranger pour être un leader international de la transition énergétique, de l’économie verte et de la lutte aux changements climatiques. »

« Notre diplomatie d’influence sert ainsi à favoriser les échanges de savoirs entre les universités, à favoriser la mobilité étudiante entre le Québec et les États, ou encore à signer des ententes qui nous permettent de combler certains de nos besoins en main-d’œuvre. »

– Martine Biron, ministre des Relations internationales et de la Francophonie

Afin d’augmenter le poids économique de la province à l’international, la ministre du gouvernement Legault indique qu’il « est primordial d’utiliser la diplomatie d’influence », qu’elle décrit comme la nécessité « d’établir de bons liens avec les élus et les gouvernements étrangers pour faire en sorte que nos entreprises puissent lier sans entrave des liens de confiance sur tous les continents […] Notre diplomatie d’influence sert ainsi à favoriser les échanges de savoirs entre les universités, à favoriser la mobilité étudiante entre le Québec et les États, ou encore à signer des ententes qui nous permettent de combler certains de nos besoins en main-d’œuvre. »

Finalement, à travers sa politique internationale, la ministre souhaite promouvoir les valeurs du gouvernement québécois, qui est « résolument nationaliste et laïque. Nous croyons que nos institutions doivent être dépourvues de toute influence religieuse. Nous sommes également déterminés à protéger la langue française et à tout mettre en oeuvre pour que notre culture soit forte et vivante. Le Québec a une place importante à prendre au sein de la francophonie. Notre amour et notre passion pour le français peuvent influencer nos alliés européens et africains. Car plus la langue française sera forte dans le monde, plus le Québec y gagnera. » La ministre souhaite également que la culture du Québec rayonne à travers le monde, projet sur lequel elle compte travailler en partenariat avec la France et qui pourrait passer par une présence plus grande de contenus québécois sur l’internet. « Il en va de l’avenir du français dans l’univers numérique, mais aussi de son maintien comme référence au niveau culturel, scientifique et économique. »

À voir également :

https://www.cscience.ca/2022/12/03/emission-cclair-comment-lyon-et-sherbrooke-ont-elles-transforme-leurs-regions-en-modeles-dinnovation/

Crédit Image à la Une : Gabriel Provost