Ces femmes qui brillent en science et en affaires, malgré les défis de parité

Ces femmes qui brillent en science et en affaires, malgré les défis de parité

Être une femme scientifique et se lancer en affaires reste un exercice difficile en 2023. C’est pourtant le défi que relèvent de plus en plus de femmes, dont cinq scientifiques mises à l’honneur lors de la deuxième édition de la compétition Pitch4Good, le 7 février dernier.

La gagnante

Nanette Sène / Juno Technologies

« On a encore parfois le syndrome de l’imposteur, confie Nanette Sène. On se sent différentes des autres, en tant que femme d’affaires et en tant que scientifique ». Pourtant, la co-fondatrice et PDG de Juno Technologies vient de remporter la 2ème édition de Pitch4Good, une compétition de pitch organisée par la Maison Notman et Esplanade Québec, mettant en avant des solutions en sciences et/ou technologies pour et par des femmes. La jeune ingénieure diplômée de Polytechnique Montréal a mis au point un dispositif portable à batterie rechargeable, compact et discret, qui élimine les douleurs menstruelles instantanément et sur de longues périodes, en combinant chaleur et stimulations électriques. Elle remporte une bourse de 5000$ offerte par La Banque Nationale.

Un tabou de la santé des femmes

« Il y a peu de solutions développées pour des problèmes typiquement féminins. Si on ne développe pas notre solution, elle ne verra jamais le jour », justifie Mme Sène, qui veut investir dans ce marché de 11,5 G$ en 2021.

Les prochaines étapes pour Juno Technologies consisteront à lever du financement, recueillir l’approbation de Santé Canada et, surtout, « trouver des espaces où les gens sont prêts a entendre parler de menstruations. On veut ouvrir le dialogue sur le sujet tabou des menstruations. »

« Les douleurs menstruelles représentent une année perdue pour 80% des femmes dans le monde. »

– Nanette Sène, PDG de Juno Technologies

Car sa solution revêt également une mission sociale. La PDG de Juno Technologies ajoute que « Les douleurs menstruelles représentent une année perdue pour 80% des femmes dans le monde ».

LES FEMMES SCIENTIFIQUES DANS LE CONCRET

Les quatre autres concurrentes (sur 40 candidatures) ont également présenté des solutions concrètes dans le domaine de la santé ou de l’environnement.

Mariam Coulibaly anime la 2ème édition de Pitch4Good. (Photo : Nathalie Simon-Clerc)

Maria Julia Guimaraes / Totum Tech

La mission de Totum Tech est d’aider les personnes qui vivent avec des handicaps invisibles à livrer leur potentiel et à contribuer pleinement à la société.

Matisse Gagnon / Projet P6

Projet P6 est une entreprise dont la mission est de recycler et revaloriser le polystyrène, qui n’est actuellement pas recyclé au Québec.

Sarah Bouchard / SAIRAE

SAIRAE est une plateforme d’aide à la décision pour les gens qui souffrent de douleur chronique et les professionnels de la santé des cliniques privées qui les traitent.

Dora Jambor / Mohana

Mohana est une entreprise de sciences de la santé dont la mission est de donner aux femmes les connaissances, les tests et les outils adéquats pour améliorer de manière proactive leurs problèmes de santé hormonale.

La modératrice de l’évènement, Mariam Coulibaly, co-fondatrice et directrice générale de Startop, un incubateur qui accompagne les femmes en entrepreneuriat et en économie sociale, n’est pas surprise : « Lorsqu’elles utilisent la science, les femmes apportent des solutions concrètes qui ont un impact pour bonifier leur environnement. »

« Lorsqu’elles utilisent la science, les femmes apportent des solutions concrètes qui ont un impact pour bonifier leur environnement. »

– Mariam Coulibay, co-fondatrice et directrice générale de Startop

Pour Gabrielle Hurtubise-Radet, responsable du Lab d’entrepreneuriat chez Mila et membre du jury, l’explication est simple : « On pourrait penser que les femmes traitent des sujets de femmes car elles sont dans leur zone de confort; pourtant l’histoire prouve qu’elles ont été pionnières sur des thématiques liées à la technologie. »

ENCORE TROP PEU DE FEMMES ENTREPRENEURES

Mais c’est la place des femmes en entrepreneuriat qui préoccupe les participantes. Même si le pourcentage atteint aujourd’hui 40%, « on n’est toujours pas à la parité » se désole Mariam Coulibaly. Finaliste de la 1ère édition de Pitch4Good, elle assure que les femmes doivent bâtir leur confiance pour se lancer en affaires.

Mme Hurtubise-Radet pointe du doigt le réseau que les femmes n’ont pas ou presque. Au Mila, elle accompagne justement une soixantaine de projets entrepreneuriaux. « Il faut une volonté accrue et du courage aux femmes pour se lancer dans ce milieu entrepreneurial, qui ne les attend pas », commente-t-elle.

« Il faut une volonté accrue et du courage aux femmes pour se lancer dans ce milieu entrepreneurial qui ne les attend pas. »

– Gabrielle Hurtubise-Radet, responsable du Lab d’entrepreneuriat chez Mila

Les évènements comme Pitch4Good sont également salués par les participantes pour la visibilité qu’ils apportent aux projets de ces jeunes femmes entrepreneures.

Toutes s’accordent à dire que les modèles sont essentiels. « Ça nous donne envie d’y croire, assure Mariam Coulibaly, mais ces modèles doivent venir dans notre réalité, comme les scientifiques entrepreneures que nous voyons ce soir ».

La gagnante, Nanette Sène, partage cet avis : « les femmes doivent investir les lieux publics, s’impliquer dans la recherche et dans les entreprises et participer à des évènements comme Pich4Good ».

Faut-il instaurer des quotas ? « S’il n’y a pas la volonté d’entreprendre, on ne sera pas plus avancés », répond Mariam Coulibaly.

Elle penche plutôt pour l’éducation à l’entrepreneuriat dans les classes, dès le plus jeune âge, et rappelle qu’au Québec, on ne compte que 2,5% d’entrepreneurs.

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Crédit Image à la Une : Nathalie Simon-Clerc