L’intelligence artificielle (IA), la 5G et les technologies du métavers vont littéralement bouleverser nos vies. Il y a encore peu de temps, on pensait qu’elles faisaient partie d’un futur lointain et qu’elles étaient réservées à des fans inconditionnels de technologie. En ce qui semble être quelques jours, ces technologies se sont imposées et font maintenant partie de notre quotidien.
Comment le phénomène d’adoption s’est-il subitement accéléré? Pour cette chronique, je propose d’explorer comment l’IA, la 5G et le métavers se renforcent mutuellement. Nous nous concentrerons sur l’impact de cette interconnexion sur la vitesse d’adoption de ces technologies, et sur l’influence du facteur humain quant à leur adoption.
Le pouvoir de l’intelligence artificielle (IA)
L’IA, avec sa capacité à traiter de vastes quantités de données et à générer des informations précieuses, a déjà révolutionné de nombreuses industries. Son adoption dans des secteurs tels que la santé, la finance, les transports et la fabrication offre de multiples bénéfices : augmentation de la productivité, amélioration de la prise de décision ou encore des expériences utilisateur. Intégrée à d’autres technologies, l’IA pourra réellement décupler son impact, accélérant ainsi l’innovation et le cycle d’adoption des nouvelles technologies.
Accélérer la connectivité avec la 5G
L’avènement des réseaux 5G promet une connectivité ultra-rapide, fiable et à faible latence. Cette connectivite révolutionnera notre façon de communiquer, de travailler et d’interagir avec la technologie. Grâce à sa capacité à prendre en charge le transfert massif de données, la 5G permet d’interagir en temps réel et de connecter une multitude d’appareils.
Afin d’exploiter des données de plus en plus volumineuses, il est indispensable d’intégrer l’intelligence artificielle. En d’autres termes, la 5G est l’épine dorsale qui permet de libérer tout le potentiel de l’IA et d’autres technologies émergentes.
Le métavers, des débuts prometteurs
Le concept du métavers est encore obscur pour bon nombre d’entre nous. Il représente une convergence des réalités virtuelles et physiques, afin d’offrir des expériences immersives et interactives aux utilisateurs. Avec les avancées de la réalité augmentée (AR) et de la réalité virtuelle (VR), le métavers va prendre tout son sens dans les domaines du divertissement, de l’éducation, du commerce et des interactions sociales, et bien d’autres secteurs.
En effet, les expériences offertes par les technologies du métavers prendront toute leur ampleur en intégrant l’IA et la 5G. Il sera possible de créer des environnements virtuels intelligents et réactifs, qui s’intégreront parfaitement au monde physique.
Dans un contexte où l’on parle d’une expérience améliorée, et de plus de possibilités pour les utilisateurs, on comprend aisément que l’adoption des technologies du métavers sera décuplée en intégrant l’IA et la 5G.
IA, 5G et métavers : Le cercle vertueux de l’adoption
La combinaison de ces technologies aura un fort impact sur nos sociétés. Par exemple, Dans le domaine de la santé, elles vont permettre la télémédecine à des niveaux sans précédents : diagnostics et recommandations de traitement alimentés par l’IA, opérations à distance soutenues par la connectivité 5G, et ainsi améliorer les soins offerts aux patients, notamment ceux dans des régions mal desservies par le système de santé. En éducation, le métavers peut créer des environnements d’apprentissage immersifs qui répondent aux besoins individuels, tandis que les algorithmes d’IA améliorent les expériences d’apprentissage personnalisées. De plus, la convergence de ces technologies peut révolutionner les transports, l’urbanisme, le divertissement, et bien d’autres secteurs, transformant considérablement notre quotidien.
« La combinaison (de l’IA, la 5G et le métavers) aura un fort impact sur nos sociétés. »
Le cercle vertueux : L’interconnexion des technologies de l’IA, de la 5G et du métavers crée un cercle vertueux d’adoption et d’impact. À mesure que les algorithmes d’IA deviennent plus sophistiqués, ils peuvent améliorer les capacités du métavers, permettant la création de simulations réalistes, d’expériences personnalisées et d’assistants virtuels intelligents. Parallèlement, la connectivité haut débit et à faible latence des réseaux 5G améliore la réactivité et la nature immersive du métavers, tout en facilitant le transfert et le traitement rapides des vastes quantités de données requises pour les applications d’IA. Cette synergie entre les technologies améliore les possibilités et l’expérience offerte aux utilisateurs, ce qui élargit l’audience cible et, donc, le marché pour ces technologies. Avec une plus grande adoption de ces technologies, l’impact de celles-ci sur notre société est démultiplié.
Bien que l’adoption d’une technologie dépende fortement de celle d’autres technologies, il est important de rappeler que la décision d’innover dépend des humains et de la culture d’entreprise. Le cycle d’adoption des technologies développé par Everett Rogers se compose de cinq phases principales et nourrit le cercle vertueux de l’innovation.
Phase 1 : les innovateurs
Les innovateurs représentent la première phase de l’adoption technologique. Ils embrassent et expérimentent les technologies émergentes. Dans le contexte de l’IA, de la 5G et du métavers, les innovateurs sont les visionnaires qui reconnaissent tôt le potentiel de transformation de ces technologies. Ils investissent des ressources, explorent les possibilités et repoussent les limites de ce qui est réalisable.
Les innovateurs posent les bases des phases ultérieures de l’adoption, alimentant ainsi le cercle vertueux.
Lorsque que je travaillais sur le programme ENCQOR5G qui visait à accélérer l’adoption de la 5G, j’ai été surpris de trouver un grand nombre de musées et d’entreprises dans le domaine du spectacle parmi les innovateurs. Mais à y regarder de plus près, l’apport de la 5G leur permettait de nombreuses opportunités d’affaires, comme par exemple des expériences « live » (en direct) et collaborations entre des artistes à Montréal et d’autres situés dans les régions éloignées du Québec, ou une amélioration de l’expérience utilisateur en ajoutant la réalité virtuelle ou augmentée.
Phase 2 : les premiers adoptants
Les premiers adoptants jouent un rôle crucial dans l’adoption des technologies. Ces individus et organisations sont des leaders d’opinion qui embrassent les nouvelles technologies, exploitant leur potentiel pour obtenir un avantage concurrentiel. Dans le cas de l’IA, de la 5G et du métavers, les premiers adoptants mettent en avant la valeur et les avantages de ces technologies, grâce à des cas d’utilisation innovants. Leur influence inspire la population plus large, alimentant l’intérêt et incitant à une exploration plus poussée.
Pour reprendre l’exemple du programme ENCQOR5G, nous avons vu des startups (innovateurs) qui ont développé des solutions intégrant la 5G pour le compte de « premiers adoptants ». L’exemple le plus flagrant était les projets de villes intelligentes où des collaborations entre fabricants de capteurs IoT, des fournisseurs de solutions en Edge computing et des spécialistes en Intelligence artificielle permettaient d’offrir une solution sur mesure pour répondre aux besoins des villes. Les villes peuvent, dans ce cas, être considérées comme des « premiers adoptants ».
Phase 3 : la majorité précoce
La phase de la majorité précoce marque un tournant significatif dans l’adoption technologique. Ce groupe, qui représente une plus grande partie de la population, apporte une masse critique à la courbe d’adoption.
Alors que les technologies de l’IA, de la 5G et du métavers gagnent en momentum, la majorité précoce reconnaît leur valeur et commence à les intégrer dans divers aspects de leur vie. L’adoption de la technologie commence à prouver son efficacité, créant des cas d’usage pertinents qui motivent d’autres entreprises à faire de même. La multiplication des cas d’usage concrets augmente les connaissances et les compétences disponibles et diminue ainsi le risque d’adopter une nouvelle technologie.
Dans le cadre de mes activités, que ce soit au travers d’ENCQOR5G ou de Mitacs, je constate que beaucoup de projets se font au courant de cette phase. En effet, en adoptant la technologie à cette étape, le risque en est diminué, les opportunités sont encore nombreuses et l’avantage stratégique face à la concurrence reste important. C’est en quelque sorte le « sweet spot » (point idéal) de l’adoption pour les entreprises qui ne sont pas directement liées à la technologie qu’elles souhaitent implémenter.
Phase 4 : la majorité tardive
La majorité tardive représente 34% de la population et cherche à combler l’écart avec les trois premières catégories « d’adoptants ». Les personnes qui la composent se montrent plus prudentes et sceptiques quant à l’adoption de nouvelles technologies.
Cependant, à mesure que les avantages et les applications de l’IA, de la 5G et du métavers deviennent de plus en plus évidents, la majorité tardive rejoint la courbe d’adoption. Cette phase comble l’écart entre les premiers adoptants et l’adoption généralisée, car ces individus reconnaissent la nécessité et la praticité d’intégrer ces technologies dans leur vie quotidienne. La technologie a fait ses preuves en termes d’intérêt, et la majorité l’adopte car elle permet de conserver un avantage stratégique.
Phase 5 : les retardataires
Les retardataires sont les derniers à adopter une nouvelle technologie et le font par nécessité, s’inscrivant dans la dernière phase d’adoption technologique. Ils représentent 16% de la population.
Les retardataires manifestent une résistance au changement, préférant les méthodes traditionnelles. Cependant, à mesure que l’adoption de l’IA, de la 5G et du métavers devient plus répandue, les retardataires finissent par reconnaître la nécessité d’embrasser ces technologies. Ils les adoptent pour suivre les normes sociétales et industrielles, même s’ils le font plus tard que la majorité. L’adoption de nouvelles technologies est motivée par la nécessité de rester concurrentiel.
Quoi en retenir…
L’adoption d’une technologie est un phénomène complexe qui est interdépendant de l’adoption d’autres technologies.
Considérées individuellement, l’IA, la 5G et le métavers sont des technologies révolutionnaires qui impactent fortement nos sociétés. Cependant, elles dépendent les unes des autres pour pouvoir offrir leur plein potentiel à leurs utilisateurs, ce qui influe fortement sur leur adoption.
La multiplication des cas d’usage permet d’illustrer les possibilités offertes par les technologies, de dérisquer l’investissement et d’inciter de plus en plus de décideurs, mêmes les plus réfractaires, à faire le choix d’innover. La combinaison de tous ces facteurs crée donc un cercle vertueux de l’innovation, qui offre de nombreuses opportunités et transforme nos sociétés.
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Crédit Image à la Une : Kabiur Rahman Riyad, Owen Beard et Hammer & Tusk/Unsplash
