Chaque semaine, nos experts livrent leurs avis, leurs opinions sur des sujets, des thématiques qui les touchent, les interpellent. Aujourd’hui, le spécialiste en technologies de l’information, Alain Lavoie, livre un plaidoyer rappelant qu’il faut accompagner le progrès scientifique d’un réel changement de nos habitudes de vie.
Ceux qui me connaissent savent que je crois beaucoup à l’innovation, à la recherche fondamentale, bref, à la science en général. Évidemment, je n’ai qu’une vision très sommaire de tout ce qu’il est possible de faire avec la science.
Mais je suis toujours émerveillé lorsque j’ai connaissance de grandes découvertes scientifiques. Les secteurs dans lesquels je m’implique, à savoir les technologies de l’information, l’intelligence artificielle et le quantique (« TIIAQ »), vont assurément continuer à évoluer et à contribuer au bien-être des humains et au futur de notre société.
Une prise de conscience
Les avancées scientifiques sont tellement fulgurantes dans les TIIAQ, je me plais à dire que bien malin(e) celui ou celle qui pourra prédire où nous serons dans cinq ou dix ans. Je suis tellement enthousiaste quant au futur des TIIAQ et aux prochaines découvertes scientifiques qui seront faites, mais…
« (…) faire le pari que la science l’emportera sur la crise climatique m’apparaît trop risqué. »
Avez-vous suivi la COP27 ? Ce n’est pas une compétition sportive quelconque. Il s’agit de la 27e Conférence annuelle des Nations Unies sur les changements climatiques, un rassemblement qui réunit la plupart des pays du monde afin qu’ils tentent de s’entendre sur les mesures à prendre collectivement pour contrer la crise climatique.
Cette crise climatique m’inquiétait, mais, disons-le franchement, probablement pas assez! C’est sans doute parce que j’arrive à l’aube de la soixantaine. Je ne suis pas encore grand-papa, mais ça devrait arriver dans les prochaines années. J’ai hâte d’avoir des petits-enfants! Avec une espérance de vie estimée à 83 ans actuellement, un enfant né aujourd’hui sera vraisemblablement encore vivant en 2100. Mais dans quelles conditions d’ici 2100 ? Wow! C’est un « reality check » qui me frappe en plein visage. Vous me direz, il était temps. Mea culpa.
Un pari audacieux
Je pourrais me dire : « Ne stresse pas pour rien, nos brillants chercheurs, épaulés par la science, trouveront bien quelque chose pour régler tout ça! ». Cela paraît ridicule, mais beaucoup de personnes se livrent régulièrement à ce genre de réflexions.
Certes, la science suscite de grands espoirs pour contrer les changements climatiques. Le piège est de penser qu’on trouvera ultimement une solution acceptable avant qu’il ne soit trop tard, puisque rien n’est encore prouvé ou démontré.
« Il faudra également que mes gouvernements me guident et m’épaulent dans cette démarche. »
Croire que la science viendra tout régler est un pari audacieux. Il est vrai que la science et plus particulièrement les recherches en géo-ingénierie réalisent des avancées pour contrer les changements climatiques, mais les solutions envisagées sont très risquées et ne font pas l’unanimité. En termes clairs, le médicament n’est pas testé à grande échelle et nous n’en connaissons pas encore les effets secondaires.
Si l’on se place dans le contexte de nos enfants et de nos petits-enfants, demandons-nous plutôt quels sont les gestes que nous pouvons poser aujourd’hui pour leur bien-être futur, dans une perspective de 30, 50 ou 100 ans. Que pouvons-nous faire ? Choix 1), on continue à consommer des énergies fossiles, à produire des gaz à effet de serre tout en pariant sur le fait que le « médicament miracle » arrivera et idéalement très bientôt ou, choix 2), on fait les efforts qu’il faut pour se diriger vers un avenir plus sobre en termes d’émission de carbone.
Changer nos habitudes maintenant
Le premier choix est simple et facile, « business as usual », on continue comme si de rien n’était et les « autres » ramasseront les pots cassés. Mais, qui sont ces « autres », sinon nous-mêmes, maintenant, en 2022 ? Le choix 1 est un choix égoïste à l’égard de nos enfants et petits-enfants. Le deuxième choix semble beaucoup plus raisonnable.
Nous disons à qui veut l’entendre que nous voulons le bien de nos enfants et petits-enfants, que nous voulons nous assurer de leurs bien-être après notre mort. Voici donc une belle occasion, en choisissant dès maintenant de changer nos habitudes de vie, de laisser un legs précieux aux prochaines générations.
« Le piège est de penser qu’on trouvera ultimement une solution acceptable avant qu’il ne soit trop tard, puisque rien n’est encore prouvé ou démontré. »
On nous dit que nous sommes rendus à la croisée des chemins et que si nous ne faisons rien collectivement, nos enfants et nos petits-enfants en paieront le prix.
Je crois beaucoup en la science, et j’aimerais vraiment qu’on puisse trouver une solution scientifique pour remédier à cette crise climatique ou pour en contrer les effets. Mais faire le pari que la science l’emportera est trop risqué, quant à moi.
Par amour pour ma descendance, je choisis aujourd’hui de me discipliner et prendre des actions pour diminuer mon propre impact sur le climat. Ça ne sera pas toujours simple ou facile. Il faudra que « les bottines suivent les babines », comme on dit si bien au Québec. Il faudra également que mes gouvernements me guident et m’épaulent dans cette démarche.
C’est ma façon de dire à mes enfants et à mes futurs petits-enfants que je les aime, AUJOURD’HUI. Et vous, quelles seront vos actions pour vos enfants et vos petits-enfants ?
Crédit Image à la Une : Alan Rodriguez, Unsplash