IA et philanthropie : l’intelligence artificielle au service de la communauté

IA et philanthropie : l’intelligence artificielle au service de la communauté

Qu’arrive-t-il lorsque le secteur de l’intelligence artificielle se consacre à la philanthropie ? CScience s’est entretenu avec Hugues Foltz, vice-président exécutif de Vooban, pour aborder le rôle que peut jouer l’IA en ce sens.

L’entreprise Vooban conçoit des solutions logicielles de pointe reposant sur l’intelligence artificielle (IA) pour les organisations qui souhaiteraient innover. Elle s’implique notamment dans des projets à dimension philanthropique.

Vooban a récemment démarré un partenariat avec Centraide, dans l’optique de mettre l’IA au service de la communauté, et explorer les possibilités de l’intelligence artificielle visant à soutenir le développement philanthropique de Centraide Québec, Chaudière-Appalaches, notamment au travers de consultations avec M. Foltz — un soutien que la directrice des partenariats et du développement de l’organisme, Caroline Gendron, a qualifié de « précieux ». Mais comment se traduisent les bénéfices des algorithmes dans un contexte philanthropique ?

L’IA pour le bien-être de l’humain

« Il y a plein de façons d’entrevoir la philanthropie, et les algorithmes d’intelligence artificielle ont la capacité d’analyser des quantités phénoménales de données, ce que l’humain n’est pas en mesure de faire », explique Hugues Foltz.

L’inclusion de l’IA dans un organisme philanthropique peut aider à déterminer la rentabilité d’événements organisés, analyser les tendances de dons, cibler les donateurs de longue date, prédire les retombées d’une campagne, reconnaître les caractéristiques des personnes ayant une plus grande propension à donner et solliciter des dons de manière plus efficace, note M. Foltz.

« Il y a plein de façons d’entrevoir la philanthropie, et les algorithmes d’intelligence artificielle ont la capacité d’analyser des quantités phénoménales de données, ce que l’humain n’est pas en mesure de faire (…) L’IAG permet entre autres d’éliminer une couche administrative des processus philanthropiques. »

– Hugues Foltz, vice-président exécutif de Vooban

De plus en plus de personnes réalisent les avantages potentiels que peut amener l’IA. Une étude de Blumberg Capital parue en 2022 révèle « qu’un tiers des consommateurs accueilleraient volontiers l’aide de l’IA pour accomplir des tâches fastidieuses », que 42% des consommateurs croient que l’inclusion de l’IA dans le service à la clientèle augmente le taux de satisfaction. L’IA est aussi perçue comme un moyen de gagner du temps, d’accéder plus facilement à l’information et d’augmenter la productivité des entreprises.

Les Canadiens sont aussi généralement plutôt optimistes quant aux retombées de cette technologie : ils sont « sept fois plus susceptibles de dire que les répercussions de l’IA sur le Canada seront très favorables plutôt que très défavorables, tandis qu’ils sont quatre fois plus susceptibles de dire que les répercussions sur leur vie seront très favorables plutôt que très défavorables », rapporte une étude du Conseil consultatif en matière d’IA du gouvernement du Canada de 2020.

Hugues Foltz (Photo : LinkedIn)

Mais malgré cette acception graduelle au sein de la société, l’une des craintes les plus répandues liées à l’inclusion de l’IA en entreprise est que l’humain soit effacé. Pour M. Foltz, la place de l’humain est essentielle, surtout dans le secteur philanthropique : « Le volet humain de la philanthropie est important. On ne veut jamais déconnecter l’humain complètement parce qu’un don à un organisme est fait en partie grâce à une relation humaine, une relation de confiance. On a confiance que l’organisme investira les fonds dans des projets nobles, et à des fins louables. »

Ainsi, l’IA devient une aide complémentaire à l’humain, plutôt que son remplaçant : « C’est important de comprendre qu’on n’est pas en train de remplacer l’humain, on fait juste utiliser la technologie pour faire mieux que l’humain. Nous sommes limités, nous ne sommes pas des machines. Les entreprises peuvent faire des gains astronomiques avec des projets où l’IA est utilisée. »

En plus des nombreux bénéfices énumérés, Hugues Foltz ajoute que l’IA permet à des organismes philanthropiques de se centrer sur l’humain, sur leur mission, en laissant l’IA s’occuper de certaines tâches. « L’IA peut prendre en charge un important volet administratif. Ce qu’on va appeler l’IA générative (IAG), qui ne se limite pas à ChatPGT, peut facilement automatiser les communications, envoyer des messages et des courriels, y répondre, etc. L’IAG permet entre autres d’éliminer une couche administrative des processus philanthropiques. »

« Il y a des métiers qui disparaissent et d’autres vont continuer de disparaître parce qu’on se doit d’être plus productif dans nos entreprises pour rester compétitif, tant à l’échelle internationale que nationale ou nord-américaine. On n’a pas le choix d’aller plus vite, voire d’être plus automatisé. C’est forcé par le système. »

– Hugues Foltz, vice-président exécutif de Vooban

Cependant, M. Flotz reconnaît que les craintes de la part du public associées à la perte de métier sont bien réelles, alors que des dizaines de millions d’emplois sont menacés par l’automatisation. La perte d’emploi est d’ailleurs l’une des craintes principales des Canadiens face à l’IA. « Il y a des métiers qui disparaissent et d’autres vont continuer de disparaître parce qu’on se doit d’être plus productif dans nos entreprises pour rester compétitif, tant à l’échelle internationale que nationale ou nord-américaine. On n’a pas le choix d’aller plus vite, voire d’être plus automatisé. C’est forcé par le système. »

Entre l’acceptation aveugle et la démonisation

Entre le besoin de productivité, indéniable pour les entreprises, et la crainte de l’omniprésence de l’IA, un juste milieu est à trouver : « Qu’on le veuille ou non, l’IA va être de plus en plus présente autour de nous. On n’a pas de contrôle là-dessus. Là où je vois un gros bémol, c’est lorsqu’on dit d’accepter toute technologie sans se faire sa propre analyse de l’acceptabilité de cette technologie dans notre vie », croit M. Foltz.

Il reconnaît que des enjeux importants méritent qu’on s’y attarde, notamment quant à la réglementation et la gouvernance entourant l’IA. Hugues Foltz croit aussi en la pertinence du nouveau Conseil consultatif scientifique sur les avancées technologiques des Nations unies, dont les membres « vont établir les paramètres d’utilisation de ces IAG qui sont clairement très puissantes et qui vont le devenir de plus en plus rapidement au fil des années, voire mois à venir (…) Ce n’est pas rien que l’ONU soit sur le dossier, pour éviter la dérape, parce que oui, il y a une dérape possible.

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Crédit Image à la Une : Unsplash et Pexels