Mon RICARDO+ : intégrer l’intelligence artificielle pour planifier ses repas

Mon RICARDO+ : intégrer l’intelligence artificielle pour planifier ses repas

En 2018, l’entreprise RICARDO a débuté une collaboration avec les compagnies technologiques québécoises Moov AI et Turbulent. Ensemble, elles ont créé la plateforme Mon RICARDO+, un produit innovant qui sollicite l’intelligence artificielle afin de bonifier l’expérience culinaire de ses abonnés.

La solution innovante a été présentée lors d’une conférence dans les bureaux de Moov AI à Montréal, le 30 novembre dernier.

Des suggestions sur-mesure

Photo : Roxanne Lachapelle

Mon RICARDO+ accompagne les utilisateurs du site dans leur planification de repas. « La mission est d’inspirer les gens et de les aider à retrouver ou à conserver le plaisir de cuisiner et de manger ensemble. En passant moins de temps sur la planification, on peut apprécier davantage le fait de cuisiner », a exposé Julie Laporte, directrice numérique chez RICARDO Media.

L’IA de Mon RICARDO+ propose 15 suggestions personnalisées sur une base quotidienne

Sur une base quotidienne, l’outil de recommandation de recettes propose 15 suggestions personnalisées. Cette limite contribue à réduire le temps de planification des repas : comme le site comprend près de 8 000 recettes, l’outil d’IA diminue la fatigue décisionnelle en plus de proposer uniquement « les suggestions qui sont les meilleures pour (l’utilisateur) en ce moment, en fonction de ce qu’il a mangé cette semaine, de ses préférences, de la saison, etc. », a relaté Mme Laporte.

Pour l’entreprise, la création de Mon RICARDO+ génère des revenus supplémentaires à ceux des ventes de magazines, tant en kiosque que par abonnement, et qui s’ajoutent à ce que rapportent les publicités sur le site web. « L’industrie des médias est en crise en ce moment. Comme Google et Facebook s’emparent de la plus grande part des revenus, il fallait trouver une façon de diversifier les sources de revenus pour monétiser le site web. La formule d’abonnements nous est apparue comme la solution à notre problème », a ajouté la directrice numérique.

Choisir ses critères

En plus de se fonder sur des critères généraux comme l’historique de navigation de l’utilisateur et les habitudes de recherche de profils similaires, l’outil d’IA dépend de différents critères de personnalisation. À l’abonnement du client, un court formulaire permet de bien programmer l’algorithme. Les questions couvrent différentes informations sur l’utilisateur, dont ses habitudes alimentaires, ses allergies, ses intolérances, son régime, ses types de cuisine préférés, etc.

Pour implémenter le plus efficacement possible ces critères et pour bonifier l’expérience de l’abonné, différentes méthodes sont employées. Des filtres durs enlèvent les recettes qu’un client a récemment consultées ou cuisinées, et celles qui s’opposent à ses critères de préférence. Le positionnement des recettes a également été changé afin de privilégier les repas de semaine, soit des plats qui se préparent rapidement, et de montrer une diversité quant au type de mets.

« Maintenant, on n’a plus besoin d’être un scientifique de données pour s’amuser un peu avec l’IA. »

– Julie Laporte, directrice numérique chez RICARDO Media

Selon la directrice des technologies chez Moov AI, Marie-Odette St-Hilaire, il ne faut pas sous-estimer l’importance de disposer de données abondantes et de qualité pour livrer un produit d’IA réussi. Entre autres, la taxonomie, c’est-à-dire les « tags » (étiquettes) des recettes a été nécessaire pour l’implémentation de filtres compétents : « L’investissement dans les données a payé. Tous ces filtres sont permis parce que nous avons des données de qualité », a-t-elle résumé.

Au-delà d’avoir un système de personnalisation performant, il faut que le site en lui-même soit fonctionnel. Avec l’important trafic généré sur le site de RICARDO (soit près de 4,4 d’utilisateurs mensuellement), « il fallait un engin de recommandations robuste. C’était le critère numéro un », a soulevé Mme St-Hilaire, précisant que l’équipe a opté pour Amazon Personalize.

Photo : Roxanne Lachapelle

Des défis en IA

Financer des solutions d’A est un défi important. La création du moteur de recommandations de Mon RICARDO+ a coûté près de 500 000 $. Julie Laporte rappelle toutefois que différentes aides facilitent et soutiennent le développement de projets d’IA. Il existe un important nombre de subventions soutenant les projets d’innovation en IA, et l’arrivée de logiciels tels que Chat GPT participe de la démocratisation de l’intelligence artificielle. Elle soutient que Chat GPT « rend l’IA plus accessible et ouvre des portes qui n’existaient pas quand on a commencé à travailler sur Mon RICARDO+. Maintenant, on n’a plus besoin d’être un scientifique de données pour s’amuser un peu avec l’IA. »

Un autre des défis auxquels fait face l’équipe est de faire découvrir les différentes fonctionnalités offertes. Malgré la grande popularité du site, peu de visiteurs connaissent les outils d’IA de l’entreprise. De plus, de tels outils technologiques demandent un changement d’habitude parfois difficile à instaurer auprès d’une clientèle qui s’en remet grandement aux méthodes plus traditionnelles, telles que le fait d’opter pour des listes d’épicerie en papier plutôt qu’électroniques, révèlent les groupes témoins consultés par l’équipe de Ricardo.

Un travail en continu

Développer des solutions innovatrices en IA est un travail à mener en continu, suggère Lysiane Rondeau, responsable de produit chez Turbulent. « On est constamment en optimisation (…) On prend les avis de nos utilisateurs pour optimiser et s’adapter à leurs besoins. »

Optimiser l’outil passe par la réduction des limitations du moteur de recherche. Dans le futur, Julie Laporte souhaite que la taxonomie des recettes soit faite grâce à une IA qui reposerait sur des étiquettes existantes plutôt que sur l’attribution manuelle d’étiquettes, qui se veut plus laborieuse et coûteuse.

Les possibilités qu’amène l’IA étant infinies, et les cas propres à chaque client étant multiples, il devient plus compliqué de s’y retrouver pour poursuivre un projet d’innovation. En ce qui concerne Mon RICARDO+, Julie Laporte croit en la nécessité de garder le cap « sur où on voudrait aller si on avait tout l’argent du monde, et où il est nécessaire d’aller en premier : on commence par cette étape-là, on teste et on ajoute différentes choses après! »

Crédit Image à la Une : Roxanne Lachapelle

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