Polytechnique Montréal, l’Université de Montréal et HEC Montréal viennent d’annoncer la création d’un institut multidisciplinaire en cybersécurité et cyberrésilience (IMC2), qui misera sur plusieurs domaines d’expertise innovants, et aura pour mission de faciliter l’émergence de solutions technologiques en cybersécurité, tout en intégrant une dimension éthique et humaine.
Dépendant initialement d’un bassin de 44 professeurs et équipes de recherche, l’IMC2 sera axé sur l’union et le croisement des forces et expertises, menant des projets dont le déploiement « prendra en compte la place de l’humain » et aidera à préserver la souveraineté numérique », indique la formation universitaire.
Quand l’union fait la force
« En créant cette structure ouverte, qui a pour but de rassembler l’ensemble des acteurs universitaires motivés par des projets multidisciplinaires ambitieux et innovants, l’IMC2 se définit comme un point de convergence incontournable de la cybersécurité au pays », avance le professeur Frédéric Cuppens, directeur de l’IMC2, expert en cybersécurité et professeur titulaire au Département de génie informatique et génie logiciel de Polytechnique Montréal.
Yves Joanette, le vice-recteur adjoint à la recherche et professeur titulaire à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, partage son avis : « En mettant en commun une variété complémentaire d’expertises et d’approches, l’IMC2 pourra devenir un véritable point d’ancrage en recherche et en enseignement dans le domaine de la cybersécurité afin de répondre aux défis à la fois techniques, humains et sociétaux du monde numérique », s’enthousiasme-t-il.
« (…) l’IMC2 pourra devenir un véritable point d’ancrage en recherche et en enseignement dans le domaine de la cybersécurité afin de répondre aux défis à la fois techniques, humains et sociétaux du monde numérique. »
– Yves Joanette, vice-recteur adjoint à la recherche et professeur titulaire à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal
Ce lieu de convergence permettra notamment de croiser l’innovation et l’expertise de spécialistes de cybersécurité, mais aussi de gestion des risques, de transformation numérique, d’analyse d’affaires, de gouvernance, de gestion de crise, de culture organisationnelle et d’éthique.
Marc Gervais, dont on souligne l’expertise en gestion dans le secteur de l’aérospatiale, se dit déjà « super enthousiaste » à l’idée d’assurer la direction de l’Institut, qu’il décrit comme étant « Une superbe initiative, des gens passionnés et un écosystème florissant ».
Nora Boulahia Cuppens, professeure titulaire au Département de génie informatique et génie logiciel de Polytechnique Montréal, supervisera le volet de la recherche, tandis que Benoit Dupont, professeur à l’École de criminologie de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en cybersécurité, sera en charge de coordonner le volet des politiques publiques. Alina Maria Dulipovici, professeure agrégée au Département de technologies de l’information de HEC Montréal, sera responsable du volet de la formation.
« L’IMC2 prévoit agir comme créateur de liens entre le monde universitaire et les acteurs externes spécialisés en cybersécurité et en cyberrésilience en s’appuyant sur une approche inclusive et ouverte aux partenariats pour se situer en complémentarité du travail qu’effectuent déjà ses partenaires de longue date, tels que l’organisme sans but lucratif Cybereco et la grappe IN-SEC-M, deux acteurs incontournables des écosystèmes québécois et canadien de la cybersécurité. »
Une formation enrichie
Rappelons que les étudiants des trois cycles de HEC Montréal peuvent acquérir des notions en cybersécurité et une solide formation appliquée en gestion.
Avec le lancement de l’IMC2, les trois établissements à l’origine de sa création annoncent aussi la possibilité pour leurs étudiants de se voir créditer des cours en cybersécurité.
Former des étudiants-entrepreneurs
On précise que leurs initiatives pourront aussi bénéficier du programme de Propolys, qui soutient le parcours entrepreneurial spécialisé en cybersécurité – une aide non négligeable, quand on sait la difficulté de se lancer en affaires tout en poursuivant des études dans le domaine de la recherche et de l’innovation technologique.
« À HEC Montréal, on fait beaucoup pour soutenir l’entrepreneuriat, et en termes de financement provenant du ministère, on a des cours crédités et un département en entrepreneuriat et innovation. On fait beaucoup d’autres choses aussi, comme de lancer des entreprises, etc. Mais le financement provient en grande partie de financement privé philanthropique. »
– Jacques Robert, professeur titulaire au département d’affaires internationales à HEC Montréal
Tel que l’indiquait d’ailleurs Jacques Robert, professeur titulaire au département d’affaires internationales à HEC Montréal, lors d’une conférence organisée par le Conseil de l’innovation du Québec à laquelle assistait CScience il y a deux semaines, « l’idée des pépites, qui nous vient de nos amis français », est un modèle à prendre en exemple.
« À HEC Montréal, on fait beaucoup pour soutenir l’entrepreneuriat, et en termes de financement provenant du ministère, on a des cours crédités et un département en entrepreneuriat et innovation. On fait beaucoup d’autres choses aussi, comme de lancer des entreprises, etc. Mais le financement provient en grande partie de financement privé philanthropique. En France, on a développé un modèle que je trouve assez intéressant : le ministère de l’Éducation finance des incubateurs dans différentes universités. Chacune de ces universités dispose de son propre lieu d’accueil de pépites, dont le concept est de créer un statut d’étudiant-entrepreneur, qui ne requiert pas de s’inscrire à un très long programme de cours crédités qui découragerait le lancement d’une entreprise. » À cela, l’innovateur en chef du Québec, Luc Sirois, avait ajouté que le statut étudiant-entrepreneur en France a été inspiré par les étudiants dits « athlètes de performance », pour leur permettre de jouir d’un parcours particulier. Ce concept est également mentionné comme étant une référence dans le rapport récemment dévoilé de l’OCDE sur l’impact de l’enseignement supérieur sur l’entrepreneuriat québécois.
Un rôle clé dans la société
«L’IMC2 incarne notre volonté d’innover et de contribuer à l’avancement de la société. En plus de sa mission de recherche, de formation et de mobilisation de connaissances, l’Institut aura un rôle d’influence sur les politiques publiques », amène François Bertrand, directeur de la recherche et de l’innovation et professeur titulaire au Département de génie chimique de Polytechnique Montréal.
« La cybersécurité est devenue une priorité stratégique pour l’ensemble des organisations, peu importe leur taille ou leur secteur d’activité. Par la création de l’IMC2, HEC Montréal mettra à profit ses expertises en sciences de la gestion, que ce soit en technologies de l’information, en gouvernance ou en finance, pour contribuer à prévenir les risques en matière de cybersécurité, faire face aux incidents et en tirer des leçons », promet enfin Caroline Aubé, directrice de la recherche et du transfert et professeure titulaire au Département de management de HEC Montréal.
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