Transition énergétique au Québec : entre défis et solutions

Transition énergétique au Québec : entre défis et solutions

Sans grande surprise, différentes études traçant le lien entre PIB et consommation d’énergie démontrent à quel point « notre économie entière repose en pratique sur la consommation d’énergie ».

Cette corrélation, pour Éric Lachance, président et chef de la direction d’Énergir, montre « la relation entre l’économie et l’énergie (qui) est très forte, voire presque parfaite. La transition durable qu’on essaie de mener va impliquer de repenser nos modes de production et de consommation, tant sur les plans économique qu’énergétique. Ce n’est donc pas surprenant de voir que la question de l’énergie suscite autant de débats », suggère M. Lachance dans le cadre de la conférence Énergie : constats, nuances et responsabilités pour une transition durable. Son allocution, qui a eu lieu le 13 février à Montréal, était organisée par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

« La transition durable qu’on essaie de mener va impliquer de repenser nos modes de production et de consommation, tant sur les plans économique qu’énergétique. »

– Éric Lachance, président et chef de la direction d’Énergir

Défis d’énergies propres au Québec

Le Québec a une « longueur d’avance » en matière de transition énergétique. 42% de l’énergie utilisée dans la belle province est électrique, contre environ 20% dans le reste du monde. Également, plus ou moins 99% de notre énergie est déjà décarbonée.

Éric Lachance

Mais le Québec n’est pas sans connaître son lot de défis. L’un d’entre eux est que « la demande change constamment pour satisfaire les clients. Pour cela, n’importe quel système énergétique a besoin de moyens de production et de gestion de la demande qui vont être fiables, prévisibles et flexibles », explique M. Lachance. Il précise que les centrales alimentées aux énergies fossiles et les barrages hydroélectriques répondent bien à ces défis.

Pour décarboner et satisfaire les demandes énergétiques électriques qui augmentent, la majorité de la planète devra se tourner vers des énergies solaires et éoliennes, qui sont renouvelables, non émissives, abondantes, et peu chères (pour la quantité d’énergie qu’elle produise). Cependant, M. Lachance avance que leur caractère intermittent crée de plus grands besoins de stockage d’énergie et d’outils flexibles.

Des solutions aux hivers québécois

Même si l’hiver actuel est l’un des plus chauds enregistrés au Québec, seulement 3 à 5% de la population a des hivers aussi froids que ceux connus habituellement dans la province. Ceci entraîne de grandes dépenses énergétiques sur plusieurs plans pour les consommateurs, comme pour le chauffage ou la recharge de véhicules électriques. Ces dépenses demandent un grand stockage énergétique pour éviter que les coûts de l’électricité montent trop drastiquement.

« Au Québec, il ne faut pas négliger des solutions d’efficacité énergétique (…) Je parle de thermopompes pour climat froid, de thermopompes géothermiques, d’isolation de nos bâtiments, ou encore de véhicules électriques qui seraient moins énergivores. Ces solutions peuvent paraître chères, en fait, elles ne le sont pas du tout quand on les compare aux bénéfices qu’elles peuvent nous amener en venant réduire notre (consommation) d’énergie », présente M. Lachance.

Une transformation tournée vers le futur

« Transformer notre réseau énergétique, le rendre plus résilient, c’est un grand défi. Le faire au rythme qui est exigé par l’urgence de la crise climatique, c’est un défi colossal », s’inquiète Éric Lachance. Il rappelle que, selon un rapport l’Agence internationale de l’énergie, les objectifs de zéro émission de CO2 d’ici 2040 sont difficiles à atteindre. Pour cela, il faudrait ajouter ou rénover 80 millions de réseaux électriques à ajouter ou rénover à travers le monde. C’est l’équivalent de construire en 15 ans ce qui a été fait durant un siècle entier.

« Transformer notre réseau énergétique, le rendre plus résilient, c’est un grand défi. Le faire au rythme qui est exigé par l’urgence de la crise climatique, c’est un défi colossal. »

– Éric Lachance, président et chef de la direction d’Énergir

Pour parvenir à ces fins environnementales, Éric Lachance affirme qu’il faudra établir un dialogue avec ceux qui réclament une plus grande prise d’action pour entamer une véritable transition écologique: « Avec le temps, il y a une méfiance, voire un bris de confiance qui s’est installé entre ceux qui militent pour le changement, et ceux qui sont responsables de les réaliser (…) Pour freiner ce cycle, il va falloir faire preuve d’écoute de part et d’autre et travailler à rebâtir la confiance. » Pourtant, des groupes environnementaux, comme Greenpeace, ont fait valoir par le passé que les mesures d’Énergir ne permettront par l’atteinte de leurs objectifs environnementaux.

« Il n’y a pas de solutions parfaites. (…) Je pense que ceux qui ont l’opportunité d’influencer le débat vont le faire progresser en admettant sa complexité et en amenant des nuances. C’est aussi important de mentionner qu’il s’agit d’une transition écologique, et non économique », conclut le conférencier.

Technologies propres : répondre à la demande dans ce domaine en plein essor

Crédit Image à la Une : Federico Beccari et Markus Spiske (Unsplash)