Pourquoi a-t-on peur de l’IA ?

Pourquoi a-t-on peur de l’IA ?

CScience IA organise le mardi 30 novembre, à 17h 30, une émission diffusée en direct sur Facebook sur le thème  «Transformation numérique : atout ou menace ? » Au cours des débats, Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec et Luc Sirois, innovateur en chef du Québec répondront aux interrogations du public. En effet, l’intelligence artificielle (IA) suscite encore de nombreuses craintes, mais de quoi a-t-on peur exactement ?

En 2019, Blumberg Capital a mené une étude auprès de nos voisins américains et le constat est éloquent : la moitié d’entre eux redoutent l’IA et se sentent mal informés sur le sujet. Il faut dire que bon nombre d’Américains (58 %) connaissent l’IA principalement par le biais de films, de séries télévisées ou encore des réseaux sociaux.

Autres constats : 52 % craignent pour la sécurité de leurs données personnelles, 49 % sont angoissés par l’usage de l’IA dans le domaine de la santé et le même nombre craint de voir son emploi se volatiliser au profit de l’IA.

Même son de cloche de l’autre côté de l’Atlantique où une étude, publiée par Statista Research Department en novembre 2019, révèle que 56 % des Français ont peur de l’IA. Toutefois, dans la tranche d’âge 18-30 ans, le même pourcentage est peu ou pas du tout inquiet de voir un jour les robots prendre le pouvoir sur les humains.

Toujours en France, le Boston Consulting Group et Malakoff Médéric se sont penchés sur l’impact de l’IA sur le développement du capital humain des entreprises en 2018. Cette étude révèle, entre autres, que la plus grande crainte des salariés est le risque de déshumanisation du travail et la perte du lien social (56 %). Du côté des dirigeants et managers, s’ils accueillent positivement le développement de l’IA (plus de 70 %), environ les deux tiers craignent toutefois l’apparition de nouveaux risques psychologiques qui pourraient avoir un impact sur la santé au travail.

Cela dit, les milléniaux [ensemble des personnes nées entre le début des années 1980 et la fin des années 1990] ont une opinion plutôt favorable face au développement de l’IA alors que 56 % d’entre eux estiment qu’elle sera bénéfique à la société, selon l’étude « iLife » de l’agence de communication BETC Digital menée dans une trentaine de pays en 2018. Si ce chiffre grimpe sans surprise à 89 % en Chine – pays qui convoite la première place mondiale de l’IA en 2025 –, il est plutôt de 53 % aux États-Unis et de seulement 33 % en France.

DE LA SCIENCE-FICTION À LA DÉSHUMANISATION

Parmi les grandes craintes évoquées face au développement de l’IA, tant ici qu’à l’étranger, quatre se démarquent avec une constance notable (lire aussi notre édito qui évoque ces peurs et aussi les mesures nécessaires pour les accompagner).

Tout d’abord l’imaginaire collectif lié à des films comme Her, Ex machina, Matrix, Blade Runner ou encore Terminator. Si les machines superintelligentes contrôlant le monde demeurent pour l’instant de la science-fiction, elles ont toutefois marqué les esprits dans divers longs-métrages.

La question de l’éthique soulève également plusieurs craintes à court terme, comme la responsabilité des décisions des algorithmes, la protection de la vie privée et des libertés et la transparence de la décision, notamment pour éviter la discrimination. Il faut en effet s’interroger sur l’impact de l’IA et de la robotique sur l’humanité, une question récurrente sur laquelle se penchent des chercheurs du monde entier.

Le spectre du chômage de masse fait aussi couler beaucoup d’encre depuis plusieurs années. L’automatisation et la robotisation des emplois s’accélèrent et nombreux sont ceux qui craignent d’être remplacés par une machine. S’il est vrai que l’IA et la transformation numérique créeront de nouveaux emplois, certains métiers risquent en effet de disparaître, notamment ceux impliquant des tâches répétitives.

Vient finalement la peur de la déshumanisation de la société, par exemple au travail (privation de tâches essentielles donnant un sens à son métier), dans le domaine de la santé (logiciels intelligents capables de poser un diagnostic sans l’apport d’un médecin) ou encore dans le commerce de détail (les épiceries Amazon Go dépourvues de caissiers, mais aussi de bouchers, de fromagers, etc.).

DES TECHNOLOGIES GÉNÉRATRICES D’ANGOISSES

Les avancées technologiques ont bien entendu des effets bénéfiques, mais elles engendrent également bon nombre d’angoisses au sein de la population.

Outre celles déjà mentionnées, comme le profilage par des algorithmes, la déshumanisation de la société ou le remplacement de l’homme par la machine, il faut aussi tenir compte de l’hyperconnectivité qui effrite lentement mais sûrement les barrières entre nos vies personnelle et professionnelle, de la nécessité de s’adapter à vive allure aux nouvelles technologies, des réorientations professionnelles forcées dans certains domaines d’emploi et, bien entendu, de la peur de l’inconnu, tout simplement.

On pense aussi aux réseaux sociaux et leur impact nocif sur la santé psychologique alors qu’ils propagent avec abondance les fausses nouvelles et qu’ils accentuent la polarisation idéologique de leurs utilisateurs.

Et vous, quelles sont vos craintes ? Exprimez-les au cours de l’émission du 30 novembre sur « Transformation numérique : atout ou menace ?” avec Luc Sirois et Rémi Quirion : inscription.

Crédit photo : Pexels / Ricardo Osorno