Techaide : Mener les entreprises technologiques vers la philanthropie

Techaide : Mener les entreprises technologiques vers la philanthropie

En quoi les entreprises technologiques peuvent-elles bénéficier d’une approche caritative? Comment concevoir des produits technologiques pour le bien commun? Tant de questions auxquelles la communauté Techaide apportent des pistes de réponse.

« Techaide est un collectif grassroots créé en 2016, dont la mission est de permettre à la communauté technologique de devenir une force pour le bien commun, de redonner à ceux qui en ont besoin et de lutter contre l’exclusion sociale et la pauvreté », résume son ambassadeur, Laurent Maisonnave. Forte d’une communauté de plus de 3 200 membres, Techaide bénéficie d’un partenariat avec Centraide, qui lutte également contre différents problèmes sociaux en soutenant plus de 350 organismes.

« Nous travaillons avec les entreprises technologiques et nous sommes une porte d’entrée permettant à tous d’avoir un impact positif. »

– Laurent Maisonnave, ambassadeur pour Techaide

Au travers d’événements ludiques, mais aussi de conférences et de rendez-vous portant sur la technologie, Techaide répond « aux défis des collectivités et des communautés locales de la région de Montréal », alors que les personnes ayant un faible revenu composent plus de 16% de la population montréalaise, explique M. Maisonnave.

« Nous travaillons avec les entreprises technologiques et nous sommes une porte d’entrée permettant à tous d’avoir un impact positif. Habituellement, les entreprises les plus avancées ont des initiatives dans le domaine des biens sociaux, mais certaines ne savent pas par où commencer, et c’est là qu’intervient Techaide », ajoute l’ambassadeur.

Redonner à la communauté : bénéfique pour les dirigeants d’entreprises technologiques?

De plus en plus d’employés accordent de l’importance à la responsabilité sociale des entreprises (RSE), qui « fait référence aux actions volontaires qu’une entreprise met de l’avant en lien avec les enjeux du développement durable, autant sur les plans économique que social et environnemental », selon l’Étude sur les tendances en philanthropie au Québec de 2020. Au Québec, près de 75% des personnes issues des générations Y et Z accordent de l’importance à la RSE.

Au Québec, près de 75% des personnes issues des générations Y et Z accordent de l’importance à la RSE.

– Étude sur les tendances en philanthropie au Québec de 2020

« Nous vivons dans un monde où les entreprises sont en compétition pour attirer les meilleurs talents. Le questionnement passe de ‘qu’est-ce que l’entreprise peut faire pour moi?’, à ‘qu’est-ce que l’entreprise fait dans différents domaines?’, par exemple, ‘comment aide-t-elle la communauté locale?’ », estime Diana Soler, aussi ambassadrice pour Techaide.

Le milieu des technologies est en changement, alors que de plus en plus d’entreprises manifestent de l’intérêt pour la philanthropie (création de fondations, de politiques de dons et d’activités de teambuilding, etc.). « Notre message est de rassembler pour redonner. Un des objectifs de Techaide est de sortir les gens de leur compagnie, et ils sont demandeurs, surtout après la covid. Ils veulent sentir qu’ils font quelque chose de positif qui les dépasse de ce qu’ils font dans leur travail, dans leur day to day », observe M. Maisonnave.

Une inclusion de mesures philanthropiques s’avère aussi bénéfique pour les dirigeants d’entreprise, alors que la philanthropie encourage un accroissement du rayonnement de l’organisation, une loyauté accrue de l’ensemble des parties prenantes, une meilleure productivité des employés, une amélioration de la réputation de l’entreprise et « une culture et des pratiques beaucoup plus positives et enracinées, qui se traduisent concrètement à l’interne », souligne Mme Soler.

Risques, responsabilité et éthique…

Parmi les différentes activités organisées par Techaidedes conférences aident les entrepreneurs et innovateurs à adopter une approche éthique ayant pour but de favoriser le bien commun. La récente conférence Product4Good, qui a eu lieu le 18 octobre, mettait en perspective les horizons de la gestion de produit, tout en soulignant l’importance pour l’écosystème technologique de créer un impact distinct et de contribuer au bien-être de la communauté du Grand Montréal.

Laurent Maisonnave explique que « personne n’a envie de faire un produit, avec ou sans IA, qui a un impact négatif », mais qu’il est parfois difficile pour les dirigeants de savoir comment s’orienter pour parvenir à avoir le meilleur impact possible.

Face au développement de technologies innovatrices responsables et positives, Diana Soler rappelle l’importance d’adopter une approche « prudente, logique et réfléchie » dans la création de nouveaux projets. Une IA responsable se doit entre autres de miser sur des critères de transparence, de qualité, de responsabilité, de sécurité et d’éthique.

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« Il y a tellement d’opportunités, nous devons vraiment commencer à réfléchir à l’éthique, à ce à quoi cela ressemble de manière responsable. Je me demande si nous nous posons vraiment les bonnes questions et mettons en place les bons garde-fous », ajoute-t-elle.

Des pistes pour créer un « bon » produit

Parmi ces « bonnes questions à se poser », on relève la question de la représentativité au sein des bases de données des produits d’IA, avance Laurent Maisonnave : « Il faut que ce soient des données qui sont pertinentes et représentatives des utilisateurs, présents et futurs, du produit. »

Les technologies ont le potentiel de jouer un grand rôle pour le progrès et pour l’inclusion de la diversité en entreprise; inclure cette diversité dans leurs bases de données est un pas concret et nécessaire pour le bien commun, mais aussi pour la limitation de biais dans le développement des technologies. M. Maisonnave a listé des ressources et des pratiques contribuant à la réduction de ces biais.

Prendre un temps de réflexion lors de la création d’un produit pour réfléchir aux objectifs concrets de celui-ci est nécessaire. « Il faut se poser la question dès le départ quant à la définition du produit; quel est l’objectif qui qui motive son développement? Il faut être très clair, identifier les risques possibles, et voir comment les minimiser », suggère Laurent Maisonnave.

Il faut aussi remettre en question nos réactions rapides à des opportunités technologiques qui semblent bénéfiques au premier abord. « Encore une fois, j’observe des individus se laisser emporter par leur enthousiasme et essayer d’identifier des cas d’utilisation, ou comment faire quelque chose de mieux, plus vite, ou autre. Je me dis, ‘génial’, mais surveillons simplement notre réaction et la façon dont nous prenons des décisions », conclut Diana Soler.

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Crédit Image à la Une : Margot RICHARD et krakenimages, Unsplash